La relation entre Mohamed et Driss, deux voisins qui se disputaient souvent pour des affaires banales, s'est terminée au fil du temps dans le sang. Résultat : le premier a été enterré et le second a écopé de vingt ans de réclusion criminelle. Nous sommes à Casablanca. Dans la salle d'audience à la chambre criminelle près la Cour d'appel, un jeune homme se tenait au box des accusés. Il s'agit de Driss, trente-deux ans. Son affaire remonte à une année quand la police judiciaire a été alertée pour constater un jeune homme, Mohamed, trente-quatre ans, gisant dans une mare de sang. Les policiers sont arrivés pour effectuer les premiers constats d'usage et aviser les éléments de la protection civile pour évacuer la victime vers les urgences de l'hôpital Ibn Rochd. Une enquête a été aussitôt diligentée pour tirer l'affaire au clair. Selon les premiers éléments des investigations, l'affaire est très banale et a connu un tournant dramatique. Deux voisins, Driss et Mohamed, se disputaient souvent pour la moindre des choses. Il suffit que l'un exprime son avis pour que l'autre le contredise. Et une bagarre s'éclatait ! Leur différend remonte à des années. Personne ne se souvient de la vraie raison de cet accrochage permanent. Les voisins sont intervenus à maintes reprises pour mettre fin à cette situation. Mais en vain. La relation entre les deux parties s'est dégradée au fil du temps. Un jour, Mohamed a croisé Driss au quartier. L'un lançait à l'autre des regards méprisants. Hors de lui, Driss a commencé à l'injurier. Les voisins sont intervenus une fois encore pour mettre fin à leur accrochage. Mais sans résultat. Driss a continué à lui lancer des insultes infâmes. Alors que Mohamed s'est contenté de le provoquer en le fixant du regard, et éclater de rire. Les voisins ont demandé à Mohamed de rentrer chez lui et d'arrêter de provoquer Driss davantage. Têtu, Mohamed s'est planté dans son coin. Un moment après, il s'est avancé d'un pas vers Driss pour cracher sur son visage. Ce comportement était la goutte qui a fait déborder le vase. En perdant tout contrôle de ses nerfs, Driss est rentré rapidement chez lui pour ressortir avec un grand couteau à la main. Les badauds criaient de toutes leurs forces et demandaient à Driss de renoncer à ses intentions criminelles. Quand l'un d'eux a pris l'initiative de s'approcher de lui, il l'a menacé de le tuer. Driss a rejoint Mohamed. Les voisins lui demandaient de renoncer à faire du mal à son voisin et tentaient de lui faire entendre raison. Mais en vain. Mohamed soupirait difficilement. À peine qu'il s'apprêtait à prononcer un mot, Driss lui a asséné deux coups, l'un au niveau du cœur et le second au niveau de sa poitrine. La victime s'est effondrée. Et en un clin d'œil, Driss s'est enfui. En notant toutes ces informations, les enquêteurs ont entamé les investigations nécessaires pour retrouver le fuyard. Entre-temps, des informations sur Mohamed sont parvenues au chef de la brigade faisant état du décès de la victime suite à ses blessures. Le lendemain matin, un jeune homme, au visage pâle, s'est présenté devant les enquêteurs pour avouer : «Je suis Driss. Hier, j'ai tué mon voisin, Mohamed». Interrogé sur le mobile du meurtre, il répond : «Il me provoquait souvent». C'était la même déclaration qu'il a fait devant la Cour. Celle-ci, après les délibérations, l'a condamné à vingt ans de réclusion criminelle.