Le mercredi 15 septembre prochain, une mère de famille comparaîtra, en état d'arrestation, devant la chambre criminelle près la Cour d'appel de Fès pour le meurtre d'un père de famille qui harcelait sa fille. Latifa, quadragénaire, n'a jamais imaginé être au box des accusés. Cette mère d'une jeune fille, demeurant dans un quartier populaire de la ville de Fès, se débrouillait pour gagner sa vie et subvenir aux besoins de sa fille unique. C'est une femme sans problèmes. Seulement, elle s'est retrouvée entre l'enclume d'un crime qu'elle avait commis et le marteau de la justice qui statuera, le mercredi 15 septembre, sur son affaire. Elle était chez elle quand, cet après-midi, sa fille l'a rejointe tout en lui demandant d'empêcher Mohamed de la harceler. Mohamed est un père de trois enfants, moins jeune que la mère de la fille de quelques années. Ce journalier qui se prend encore pour un adolescent harcelait les adolescentes, même celles qui ont le même âge que son enfant aîné. Énervée, Latifa est sortie de chez elle à la recherche de Mohamed qui semble avoir disparu du quartier. Elle a frappé à sa porte. C'est sa femme qui lui a ouvert. Latifa lui a expliqué que son mari harcèle les filles du quartier et qu'il a demandé à sa fille d'entretenir une relation amoureuse avec lui. La femme de Mohamed a tenté de la calmer et de lui assurer qu'il ne recommencera plus ses avances envers la fille. Latifa est retournée chez elle pour calmer sa fille unique. Seulement, quand la fille est sortie, le lendemain, pour faire des courses, Mohamed l'a croisée au quartier, lui a expliqué que sa femme ne pouvait en aucun cas l'empêcher de faire ce qu'il voulait faire et lui a demandé d'entretenir une relation amoureuse avec lui. Il lui a exprimé son amour. La fille a prévenu sa mère qui n'a pas hésité à sortir à la recherche de Mohamed. Quand elle l'a trouvé au quartier, elle l'a menacé d'aller porter plainte contre lui s'il ne laisse pas sa fille tranquille. Deux jours plus tard, la fille était au quartier quand Mohamed s'est tenu devant elle. Il lui a exprimé son désir de partager le même lit avec elle. Il l'a même menacée de la kidnapper et de la violer si elle s'abstient de l'accompagner. La fille est retournée chez elle. Avec les larmes aux yeux, elle a tout raconté à sa mère. Celle-ci n'a pas cru ses oreilles. Elle n'a jamais imaginé que sa fille soit kidnappée et violée. Une idée qui l'a rendue hors d'elle. En mettant sa djellaba, elle est sortie de chez elle à la recherche de Mohamed. Quand elle l'a trouvé en compagnie de quelques jeunes hommes du quartier, elle l'a insulté et l'a injurié. Elle l'a même menacé de meurtre s'il touche sa fille. Mohamed l'a défié de le faire et lui a confirmé avoir l'intention d'enlever sa fille et la violer devant tout le monde. « Et s'il le fait? » C'est une question qui a hanté en quelques secondes l'esprit de Latifa au point qu'elle a décidé de passer à l'acte sans attendre la moindre minute. Aussitôt, Latifa a regagné sa demeure, est rentré dans la cuisine, a saisi un couteau et est retournée au quartier pour se tenir derrière son dos. Et sans attirer l'attention de personne, elle lui a asséné plusieurs coups mortels avant de retourner chez elle. Alertée, la police s'est dépêchée sur son domicile et l'a arrêtée. Elle a avoué l'avoir poignardé pour défendre sa vie, mais qu'elle n'avait pas l'intention de le tuer. C'est la raison pour laquelle, elle a été poursuivie pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner.