Quand il a découvert sa fille ligotée et séquestrée dans une chambre par son mari, ce père n'a pas pu contenir sa colère. Il a assommé son beau-fils à plusieurs reprises à l'aide d'une veilleuse. «Je ne supportais plus ce qui arrivait à ma fille M. le président!», s'exclame Mohamed à la Cour de la chambre criminelle, premier degré, près la Cour d'appel de Casablanca. Père de famille, Mohamed ne pouvait pas imaginer qu'un jour il se retrouverait au box des accusés et risquerait même une peine de perpétuité. Ce jour-là, il a regretté d'avoir accepté que Mostafa épouse sa fille, Fatiha. En 1982, Mostafa a quitté son douar situé à Médiouna, dans la périphérie de Casablanca, pour s'installer dans le centre-ville. Il a fait le choix de vivre indépendamment de sa famille qui ne voulait plus de lui. Malheureusement, son rêve s'est transformé en cauchemar, faisant de lui un sans domicile fixe pendant plusieurs jours. Et le pire s'est produit à la fin de la première quinzaine de son «séjour» dans les rues du centre ville : il était plongé dans un profond sommeil quand il a été surpris par un vagabond qui tentait de lui déboutonner le pantalon. Il l'a poussé violement après lui avoir donné des coups de poing. Le vagabond a brandi un couteau et tenté de le blesser. Mais Mostafa ne s'est pas laisser faire, il lui a arraché le couteau et le lui a planté dans le torse. Arrêté et traduit devant la justice pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner, il a été condamné à vingt ans de réclusion criminelle. En 2002, enfin libre. Mostafa fait la connaissance d'un marchand de boissons alcoolisées sans autorisation, qui se fait appeler «Guerrab», à Sidi Moumen. Il est devenu son assistant en l'aidant à liquider la marchandise contre une somme mensuelle de 1000 dirhams. Au fil du temps, après avoir économisé un peu d'argent, il devient, lui aussi, «Guerrab». Trois ans plus tard, il décide de se marier. Il contacte alors sa famille au douar pour lui chercher une fille. Sa mère lui recommande la jolie et très jeune Fatiha. Mostafa l'épouse et le couple s'installe au quartier Sidi Moumen. C'est là que l'épouse a découvert l'activité de son mari et qu'il a été en prison pour meurtre. Pire encore, Mostafa invitait ses amis et leurs copines à passer la nuit chez lui et obligeait sa femme à les servir. Fatiha n'avait pas le choix. Elle avait peur de cet homme cruel qu'elle ne connaissait pas. Il ne la défendait même pas lorsque ses amis la harcelaient. Fatiha a donc décidé de partir chez son père. Hors de lui, Mostafa l'a rejointe une semaine plus tard pour l'obliger à revenir. Mostafa s'est transformé, depuis, en un véritable monstre qui ne cessait de la maltraiter pour un oui ou un non. Et pour l'empêcher de fuir, il lui ligotait les mains et les pieds et l'enfermait dans une chambre lorsqu'il invitait des prostituées. Un jour, Fatiha téléphone à son père et lui demande de venir la chercher afin qu'elle ne commette pas de crime. A 5h du matin, un jour du mois de juin dernier, le père arrive. Il frappe à la porte, Mostafa lui ouvre. Il était avec une autre femme. «Où est ma fille ?», s'écrit le père avant de s'interrompre. Il a entendu sa fille hurler en lui demandant de la sauver. Mostafa ouvre la porte de la chambre où Fatiha était séquestrée. Elle est dans un état lamentable, mains et pieds liés. Le père, furieux, saisit le premier objet qu'il trouve : une veilleuse en marbre. Il se jette sur son beau-fils et lui assène plusieurs coups à la tête. Mostafa s'effondre par terre et quelques minutes plus tard, rend l'âme. Mohamed est arrêté. La fille de joie qui était en compagnie de Mostafa a été également conduite au commissariat. Elle a été condamnée à six mois de prison ferme. Quand à Mohamed, il a été condamné à quinze ans de réclusion criminelle.