Le mois de Ramadan est, pour ceux qui s'efforcent de le suivre au mieux des principes qui le fondent, un mois de retrouvailles avec soi, un mois de piété, une sorte de parenthèse dans une année où l'introspection, le religieux, le retour à soi n'arrivent pas -ou peu- à trouver d'espace dans notre train de vie infernal... Pourtant l'adage qui veut que «l'enfer soit les autres» ne perd rien de son actualité dans ce mois qui devrait être de fraternité. La mauvaise humeur de nombre de jeûneurs est incommensurable, souvent accompagnée de mauvaises odeurs, sous prétexte que dentifrice et eau de toilette seraient incompatibles avec le jeûne!!! Que dire de la nervosité extrême des conducteurs (pire qu'en temps «normal», c'est dire !) en particulier à l'approche de l'heure du ftour ; je n'ose même pas aborder le thème de l'administration, qui en ce mois de Ramadan, fait de nombre de fonctionnaires de vrais cerbères... Je sais bien que je ne vous apprends rien, à vous autres Marocains du Royaume, par contre, je pense à tous ces Marocains de l'étranger qui, cette année, profitant de leur période de vacances pour venir goûter de cette fameuse «ambiance» de Ramadan. S'il est vrai que les retrouvailles familiales, le ftour pris en commun, les soirées passées autour des grands-parents, la fréquentation de mosquées bondées... auront pour nos concitoyens venus d'ailleurs une saveur particulière, je crains que le «jus de la rue» ne soit pour eux un enfer. Pour moi qui ai passé tant de Ramadans en France, j'ai bien peur de vous choquer, mais en définitive, je préférais le passer là-bas ! Ici, dès la première heure de la matinée, vous entendez 1000 fois «combien d'heures encore?», vous entendrez également comme un leitmotiv et pour justifier tout et n'importe quoi «normal, c'est Ramadan!». Combien de fois me suis-je retenu pour dire au «mauvais jeûneur», ou «jeûneur malgré lui» qu'il ferait bien mieux d'aller manger puisque son attitude rend son carême totalement dénué de fondement. Faire Ramadan n'est pas «que» se priver de manger et boire, c'est tout un état d'esprit, tout un comportement. En France, en Europe en général, tout au long de la journée vous êtes seul avec votre pratique, c'est un choix, une volonté, vous ne jeûnez pas par rapport à une pression sociale, par rapport au voisin mais bel et bien par conviction… quant au travail, Ramadan ou pas, vous devez remplir votre tâche ! Et c'est tant mieux… Certes me direz-vous, je vois la question par le «petit bout de la lorgnette» et surtout il ne faut rien généraliser, et vous aurez raison. Ces jeûneurs irascibles sont une minorité mais cette minorité est tellement dérangeante que je vous parie que nos concitoyens du Monde les rencontreront à chaque croisement. Ramadan est là, puisse-t-il apporter à chacun d'entre nous la sécurité qu'il requiert !