Après avoir un temps milité pour limiter l'interdiction aux services publics, l'opposition semble avoir jeté l'éponge et n'a pris part ni au débat ni au vote. Signe que le vote de la loi qui interdit le port de la burqa s'est fait presque en catimini, il était très difficile de trouver un journal qui ait consacré sa Une au sujet. Les radios d'information qui comptent se contenter de citer l'information dans une brièveté précipitée. Les télévisions les plus généreuses affichaient une image de l'assemblée et du vote au furtif que si peu parlant. La surprise fut grande. Pour un sujet qui avait failli couper la France en deux, entre ceux qui défendent la liberté vestimentaire associée à la liberté du culte et ceux qui craignent un islamisation rampante de la société. Entre ceux qui ne voulaient pas créer de nouveaux martyrs et ceux qui craignaient la fabrication de nouveaux marginaux. La confrontation entre ces deux camps fut radicale et prédisait un combat parlementaire d'une rare violence. Sauf que par un effet magique dont seul le temps qui passe possède le secret, cette passion militante qui clivait profondément le débat s'est brusquement estompée. La faute, sans aucun doute, aux grandes affaires qui ont monopolisé depuis les grandes titres de l'actualité dont l'interminable feuilleton Bettencourt-Woerth. La faute sans doute aussi à la nouvelle stratégie poursuivie par la gauche. Après avoir cherché à croiser le fer avec le gouvernement sur le sujet, la voilà qui jette l'éponge et ne se donne même plus la peine de participer au vote solennel de l'assemblée.La confrontation a dû cesser faute de combattants. Il faut dire que l'opposition socialiste avait depuis le début flairé le piège dans lequel Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé, l'animateur de ce débat sur l'interdiction de la burqa, voulaient les enfermer. Si au nom d'une certaine liberté de culte très anglo-saxonne, ils (les socialistes) avaient fait le choix de s'opposer au gouvernement et donc à l'interdiction de la burqa, ils se seraient eux-mêmes enfermés dans le piège de complices objectifs avec les forces qui cherchent à jeter un voile obscurantiste sur la société française. Après avoir un temps milité pour limiter l'interdiction aux services publics, l'opposition semble avoir jeté l'éponge et n'a pris part ni au débat ni au vote. A l'exception de quelques personnalités socialistes qui ont voulu marquer leurs différences. Mais la consigne officielle était de boycotter une telle opération. Dommage collatéral d'une telle attitude, le débat perd de son effervescence et de son acuité. Et les buts visés par cette manœuvre politique restent en suspens. Et ce qui a accentué davantage cette impression est le fait que même les niches sociales censées être secouées par une telle mesure ont eu une réaction d'indifférence. Après avoir dénoncé le risque de stigmatisation de l'Islam et des musulmans français par une telle mesure, l'establishment communautaire a retrouvé son silence acquiescent. Histoire de relancer le débat et de lui donner un nouveau lustre, Jean-François Copé, considéré comme le père de la loi sur l'interdiction de la burqa a créé la surprise en saisissant lui même le Conseil constitutionnel pour une validation. Une décision dévolue logiquement à l'opposition. Mais Jean-François Copé ne semble reculer devant rien pour alimenter le buzz politique et éviter que ce débat sur la burqa ne soit enterré avec pertes et fracas. Amnesty condamne le vote des députés français interdisant le voile intégral Amnesty international a dénoncé mardi l'adoption, à une écrasante majorité des députés français, d'un projet de loi visant à interdire le port du voile intégral dans l'espace public, estimant qu'il «violait la liberté d'expression et de religion» des femmes concernées. «L'interdiction totale de se couvrir le visage constituerait une violation de la liberté d'expression et de religion des femmes portant la burqa ou le niqab comme un signe d'identité ou de foi», écrit Amnesty dans un communiqué. «De façon générale, la liberté d'expression et de religion stipule que chacun est libre de choisir ce qu'il veut porter ou ce qu'il ne veut pas porter. Ce droit ne saurait être limité au seul motif que certains - y compris une majorité - jugent un vêtement inapproprié ou offensant», poursuit l'organisation. Amnesty rappelle que les Etats sont tenus par les conventions internationales de protéger les femmes qui portent le voile intégral contre leur gré. «Mais des interdictions générales ne sont pas le bon moyen d'y arriver (...). Elles peuvent avoir pour conséquence de confiner chez elles les femmes qui portent le voile intégral, ou de rendre plus difficile leur accès au travail, aux études ou aux services publics», avertit l'ONG. Elle exhorte au contraire les gouvernements à «intensifier leurs efforts pour combattre les discriminations faites aux femmes musulmanes, à la fois dans leur propre communauté et dans la société en général». L'Assemblée nationale française a adopté mardi à une majorité de 335 voix contre une, sans la participation de la gauche au scrutin, un projet de loi prohibant «la dissimulation du visage». Il interdit de fait le port du niqab ou de la burqa dans tout l'espace public, sous peine d'une amende de 150 euros et/ou d'un stage de citoyenneté.