• Je suis un adolescent qui souffre. Cela s'est déclaré depuis ma naissance. Étant issu d'une famille conservatrice et modeste, mes parents n'ont jamais pensé exposer mon cas à un médecin. De honte ou d'indifférence, j'ignore toujours la cause ? Je ne peux rien changer à ma situation. D'une part, je n'ai pas les moyens de financer les interventions médicales. De l'autre, je crains que mon entourage me rejette. Je suis convaincu que mon père me reniera si jamais j'aborde avec lui l'idée de restituer mon sexe. Ma vie est un tunnel obscur dont j'ignore le bout. • Nous avons reçu un nouveau- né dans un tableau de déshydratation sévère. Il n'était pas difficile de poser le diagnostic d'une hyperplasie congénitale des surrénales (pathologie hormonale) par le simple examen des organes génitaux externes. Outre ce fait, nous nous sommes retrouvés face à une urgence d'ordre humain et social. Le père avait refusé d'accepter ce nouvel arrivant. La famille qui s'attendait initialement à accueillir un bébé «complet» s'est retrouvée avec un lourd fardeau sur le dos. Un enfant dont l'identité de genre est indéfinie. D'autant plus, qu'il s'agit d'une réalité compliquée par la démarche administrative qui ne permettait pas d'enregistrer le nouveau-né dans l'état civil tant que le sexe n'a pas été déterminé. • J'ai subi une opération depuis près de deux ans à l'étranger. J'ai pu retrouver finalement mes fonctions biologiques ainsi que mon intégrité psychique. Cependant, je n'ai pas de papiers d'identité m'affirmant en tant que femme. Les procédures se font d'une lenteur justifiée par la rareté des cas dévoilés dans notre pays. Dans l'ensemble, je me réjouis de mon nouveau statut. J'ai appris à fuir les mauvaises langues et ignorer les esprits étroits. Je me sens moi-même : une femme ordinaire qui s'est débarrassée d'une tare qui lui pesait lourd sur le cœur. Je suis un traitement hormonal dont l'effet commence à s'afficher. Côté vestimentaire, j'adopte la discrétion et la simplicité. Quant à ma vie affective, elle se veut calme. Pour le moment, cela m'importe peu car j'ai d'autres priorités dans la vie celles de me faire valoir en tant que citoyenne capable de contribuer à l'essor de son pays.