Reporter au «Figaro», chroniqueur sur France 2, sur Itélé et à RTL, le journaliste politique français Eric Zemmour est une «vedette médiatique». Il doit sa réputation surtout au fait qu'il ne craint pas la polémique. Refusant le «politiquement correct», fustigeant l'antiracisme bourgeois, le féminisme outrancier, les réseaux d'influence homosexuels, ou encore la mauvaise conscience coloniale, il est régulièrement au centre de controverses. Chaudement applaudi par les uns, il se retrouve aussi profondément haï par les autres. Dernière polémique ouverte par ce journaliste quinquagénaire: sa justification des contrôles de police «au facies», qu'il a ainsi expliqués le 13 mars dans une émission de Canal plus : «Les Français issus de l'immigration sont plus contrôlés que les autres, parce que la plupart des trafiquants sont des Noirs et des Arabes». Ces propos ont aussitôt suscité une levée de boucliers, avec des annonces de procès pour injures racistes de la part des grandes organisations françaises de lutte contre le racisme. Mais un haut magistrat, l'avocat général à la Cour d'appel de Paris Philippe Bilger, a cru devoir voler au secours du journaliste. Sur son blog, on a pu lire ceci : «Je propose à un citoyen de bonne foi de venir assister aux audiences correctionnelles et parfois criminelles à Paris, et il ne pourra que constater la validité de ce fait». Qui ment et diffame? Qui dit vrai? La réponse n'est pas facile à donner. Tout observateur de la réalité des commissariats, des tribunaux et des prisons de France ne peut que constater une forte présence de jeunes dont les visages ou/et les patronymes dénoncent des origines maghrébines ou noires. Est-ce à dire que ceux-ci seraient plus délinquants que les «Européens»? Ou bien serait-ce que les institutions répressives de l'Etat français, en raison d'une culture post-coloniale, s'en prendraient davantage aux enfants des immigrations originaires de l'ancien empire colonial français? Les moyens sérieux de le savoir font défaut. En effet, la législation française interdit les études où on prendrait en considération les origines ethniques des nationaux français (la plupart des jeunes issus des différentes immigrations sont de nationalité française). Seuls peuvent être comptabilisées les personnes ayant un statut administratif d'étrangers. Il existe cependant, depuis 2005, un fichier de police, le fichier «CANONGE», qui permet de classer par caractéristiques les personnes interpellées dans les années précédentes: les gros, les maigres, les petits, les grands, les barbus, les chauves... mais aussi «les Noirs» et «les Blancs». Le fichier prend en compte une douzaine de types «raciaux» différents. Et sa consultation montre que «Noirs» et «Maghrébins» sont, en effet, sur-représentés. La délinquance la plus courante et la plus répandue, dans tous les pays du monde, est d'abord le fait de personnes appartenant aux couches les plus défavorisées de la société. Les «Noirs» ou les «Arabes» de France ne sont pas plus nombreux à être délinquants parce qu'ils sont «noirs» ou «arabes». S'ils le sont, c'est parce qu'ils sont souvent exclus du marché du travail.