Avec la victoire contre le Portugal, après l'Espagne et le Brésil, ce qui arrive à l'équipe de France tient du merveilleux. Je dois l'avouer, j'ai du mal avec le foot. Bien sûr qu'il m'arrive d'avoir de la passion pour les grands matchs. Je freine, cependant, des quatre fers pour résister à l'hystérie collective que seul le foot est capable de susciter. Alors, le mondial! Autant c'est difficile d'y échapper, autant il serait vain de ne pas admettre qu'il provoque un engouement populaire démesuré et une allégresse toute singulière. Il peut générer des émotions fortes et aboutir à un spectacle merveilleux. Surtout dans ces rencontres où les plus talentueux joueurs de chaque pays donnent le meilleur d'eux mêmes. Quand dans un espace aussi réduit, vous mettez les 22 meilleurs joueurs des pays en compétition, dont des maestros comme Zidane, ce n'est plus du foot, cela frise parfois, il faut l'admettre, la chorégraphie. Avec la victoire contre le Portugal, après l'Espagne et le Brésil, ce qui arrive à l'équipe de France tient du merveilleux. Championne du monde en 1998, elle est en finale d'un Mondial pour la seconde fois de son histoire. A la différence du Brésil épuisé de la finale 98, elle sera, cette fois-ci devant une équipe d'Italie solide et accrocheuse. Mais elle a toutes ses chances. L'équipe de France 2006 a vécu le même processus que celle de1998. Raillée dans un premier temps, persiflée, critiquée et parfois crucifiée, elle finira par s'imposer, à coups de matchs gagnés et de qualifications, avant d'être idolâtrée suite à la victoire de 1998. On a déprécié Domenech en 2006 autant qu'on a méprisé Aimet Jacquet. A chaque fois, les encenseurs des lendemains de victoires sont les assassins de la veille. Pour ma part, quelle que soit l'issue de la finale, je retiendrai deux choses : Sur le plan politique, il y en a un qui doit regretter de ne pas avoir soutenu l'équipe de France, c'est Sarkozy. Il a délibérément choisi de bouder le foot pour mieux cannibaliser le populaire Tour de France. C'est une vraie maladresse. Passe les rapports que celui-ci a avec un certain nombre de joueurs comme Thuram qui avait fermement réagi contre l'expression «racaille». Il serait malvenu que Sarkozy se pointe à Berlin dimanche. Il y a des joueurs qui ne souhaitent ni présence ni opportunisme éhonté dont il peut faire preuve. Pas de crainte. Chirac sera dans les tribunes. Pas question de partager ce bonheur…et cette récupération politique. L'autre point reste cette éternelle diversité de l'équipe de France. Elle est diversement appréciée : une chance par la gauche et les internationalistes. Un «mal nécessaire» pour la droite et les nationalistes. L'engouement pour Ribery, ascension et destin d'un enfant du peuple qui ferait rêver dans n'importe quel pays du monde, devient, dans ce contexte, autrement expliqué. C'est Eric Zemmour, plume du “Figaro”, qui tient, en la matière, le pompon. Il a défini Ribery comme «le petit blanc» et le «Français moyen, même pas cousu d'or, même pas marié à un mannequin, même superbe athlète noir ». Il y a un hic. Ribery est un enfant de la France d'en bas. Il est marié à une fille d'origine algérienne. Il est même converti à l'Islam.