Prévues le 20 février, les élections législatives pourraient ne pas être organisées par le gouvernement réformateur iranien, et ce du fait de la crise politique née du rejet de milliers de candidats par les instances contrôlées par les conservateurs. Les élections législatives iraniennes du 20 février prochain pourraient ne pas avoir lieu. Le gouvernement réformateur de Mohamed Khatami pourrait prendre cette décision du fait de la crise politique née du rejet de milliers de candidats par les instances contrôlées par les conservateurs. «Nous ne pouvons pas organiser un scrutin qui ne sera ni concurrentiel, ni sain, ni libre», a affirmé un porte-parole, Abdollah Ramezanzadeh, à l'agence étudiante Isna, ajoutant que «cela signifie que ce gouvernement organisera uniquement des élections concurrentielles, justes et saines». Et d'ajouter qu'il «doit y avoir une véritable concurrence (...) entre tous ceux qui veulent participer légalement au scrutin dans le cadre de la Constitution», ajoutant que «c'est la seule condition du gouvernement, car celui-ci ne peut organiser un scrutin qui ne la respectera pas». Contrôlé par les conservateurs iraniens, le Conseil des gardiens, institution-clef, a mis son veto lundi à une réforme du code électoral approuvée en urgence dimanche pour permettre aux candidats réformateurs invalidés de se présenter aux législatives du 20 février. Selon ce Conseil, dont la décision de barrer la route à des milliers de candidats réformateurs aux législatives a plongé l'Iran dans une grave crise politique, ce projet de loi contient des «points contraires à la religion et à la Constitution», a indiqué l'agence officielle Irna. Dominé par les réformateurs, le Parlement iranien a voté dimanche une réforme du code électoral. Ce faisant, il a employé une procédure d'exception pour forcer les conservateurs à valider la candidature de leurs adversaires politiques aux législatives. Suivant la procédure habituelle, sitôt adopté, le projet avait été soumis au Conseil des gardiens de la Constitution, institution qui veille au respect de la charia et de la Constitution mais a aussi la haute main sur la validation des candidatures. Or, la réforme conteste précisément l'interprétation de la loi que fait ce conseil, qui passe depuis des années pour l'un des bastions de la résistance aux réformes. Les commissions électorales, placées sous l'autorité du Conseil des gardiens (six religieux désignés par le guide suprême et six juristes proposés par une justice ultra-conservatrice), ont invalidé le 11 janvier près de 45% des 8.157 candidatures aux législatives, invoquant leur non-respect de l'islam et de la primauté du religieux sur le politique. Le droit de se présenter a été dénié surtout à des réformateurs, dont 80 députés sortants et plusieurs personnalités de premier plan. Les réformateurs ont menacé d'une démission en masse, des ministres, des députés, des gouverneurs, et même du président Khatami. Devant l'ampleur de la crise, le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a ordonné au Conseil des gardiens de reconsidérer les candidatures avec moins de sévérité.