Les journées consacrées à « La gestion des villes et leur développement » organisées à l'ISCAE ont tenté de renseigner sur le rôle économique des villes. Les interventions d'une kyrielle d'élus locaux, de décideurs politiques, de chercheurs et de praticiens, ont abordé une réflexion au sujet de la gestion municipale, des effets de la décentralisation locale et de la déconcentration. L'Institut Supérieur de Commerce et d'Administration des Entreprises (ISCAE), en collaboration avec l'Institut français des Villes, du Territoire et de l'Immobilier (groupe ESSEC), a organisé les 23 et 24 janvier dernier des journées sous le thème de « La gestion des villes et leur développement ». Ces journées d'études ont été marquées par une participation remarquable et une présence massive des élus locaux marocains et français, des architectes, des universitaires et des étudiants. Ainsi, le rôle de la ville dans l'attraction des investissements a été mis en évidence. Désormais, la composante territoriale est devenue, en cette ère de mondialisation, l'un des éléments déterminant dans l'attraction des investissements. « En conséquence, la ville sera l'espace de compétitivité par excellence puisque c'est au niveau des villes que se jouera la bataille du développement économique de tout le pays", a estimé Mohamed Souafi, responsable de la direction de l'aménagement du territoire. Tout en faisant remarquer que le poids des villes ne cesse d'augmenter en termes de taille, d'emplois et de services, le responsable a souligné que si ces changements ont créé des potentialités, ils ont aussi engendré plusieurs problèmes à différents niveaux : social, économique, culturel. Saâd Hassar, wali-directeur général des collectivités locales au ministère de l'Intérieur, a, de son côté, mis en exergue les nouveaux apports de la nouvelle Charte communale et proposé des réflexions pour adapter la gestion des villes aux préoccupations et aux besoins des citoyens. M. Hassar a précisé que la nouvelle Charte dote le président du Conseil de la Ville de larges prérogatives dans les domaines financiers, d'urbanisme, d'hygiène, d'environnement et de gestion de ressources humaines ainsi qu'en matière de gestion ou délégation des services publics locaux, de nature à permettre aux élus de faire leur véritable travail de développeur de l'espace urbain. Néanmoins, a-t-il fait remarquer, la réussite de la gestion de la chose locale est sujette à la mise en place par les nouveaux conseils des moyens nécessaires pour optimiser leurs dépenses courantes de fonctionnement et dégager des ressources pour l'investissement, au lieu de rester cantonnés à payer les salaires du personnel, à régler les factures d'eau et d'électricité et, dans une certaine mesure, les droits dus aux sociétés concessionnaires. Ils doivent également s'orienter de plus en plus vers le système de concession, partant du principe "que le conseil doit décider des orientations de la commune et laisser la gestion à ceux qui sont les plus aptes à la faire dans le meilleur rapport qualité-prix", a-t-il dit. Toutefois, la crise urbaine, qui est matérialisée par une croissance urbaine rapide et non maîtrisée, avec des carences en matière d'équipements et d'infrastructures, des processus et leurs corollaires bien connus : marginalisation, chômage, problèmes de santé et d'éducation, doit trouver une solution. Cette situation interpelle, plus que jamais, l'Etat sur la problématique de l'urbanisation au Maroc et qui recouvre tous les processus contribuant à "produire" la ville. Pour le ministre, la problématique de la ville et son développement, située par rapport à la nouvelle politique d'aménagement du territoire, renvoie à deux questions fondamentales liées essentiellement au dispositif institutionnel et qui concernent le contenu réel des collectivités et la pertinence des découpages. Revenant sur le problème de la décentralisation et la déconcentration, Saâd Hassar a relevé que si la décentralisation a beaucoup avancé, il n'en est pas de même pour la déconcentration. Pour lui, "si le président du Conseil de la Ville dispose de tous les pouvoirs sur les budgets et les ressources humaines de sa ville, il serait utile que le représentant de l'Etat (wali ou gouverneur) puisse disposer des mêmes pouvoirs et prérogatives que, les services déconcentrés de l'Etat", a-t-il souligné. En guise de conclusion, M. Hassar a passé en revue les grandes réformes de l'année 2004 qui viennent compléter la Charte, portant notamment sur une révision de la fiscalité locale, une refonte des textes sur les finances locales, un allégement de la tutelle en termes de contrôle et sa réorientation vers une plus forte assistance des communes, ainsi qu'une plus grande transparence dans la passation des marchés. Ces impératifs exigent la conception de nouveaux schémas d'utilisation des ressources et de nouvelles méthodes de gestion, ce qui implique, a-t-il dit, un changement des mentalités et des attitudes. Aux termes des différents débats, il est désormais prouvé que l'acquis réalisé à travers le long processus de décentralisation, demeure incontestable mais les résultats effectifs restent mitigés au vu du faible poids de ces instances au sein du dispositif général de l'autorité publique.