La première fois conditionne la santé du couple à long terme. Donc le mieux est de s'en informer et d'en parler avec le conjoint ou le médecin. La nuit de noces, on l'idéalise ou on la diabolise. Tout dépend de l'éducation que l'on a eue, les contes, les légendes et les informations avec lesquels on s'est nourri. Ceci avant que ces premiers rapports sensuels, sexuels, ou violents entre les deux tourtereaux ne se banalisent. Disons que les premières rencontres nuptiales entre les amoureux conditionnent la santé du couple à long terme. Donc le mieux est de s'en informer, de s'y préparer, d'en parler entre conjoints. Ou commencer par des consultations prénuptiales chez des sexologues comme le font de plus en plus de jeunes couples avertis. «J'ai été agréablement surprise d'accueillir dans mon cabinet des jeunes venant consulter et s'informer sur leur sexualité avant leur mariage», a confié à ALM Dr Amal Chabach, sexologue. L'Islam, que ce soit à travers la tradition du Prophète (voir entretien avec M. Zemzmi) ou le Coran «Elles sont un vêtement pour vous, et vous un vêtement pour elles» (Sourat Al-Baqara, verset 188), favorise également la sensibilisation quant à l'attitude à adopter pour la réussite du couple de sa première rencontre sexuelle jusqu'à ses rapports de tous les jours. Hélas, l'éducation sexuelle des Marocains ne se fait toujours pas dans les meilleures conditions, la sexualité étant un domaine qui relève du tabou et de l'intimité absolue. Il y a d'abord le poids de la société marocaine. «96% des jeunes Marocains exigent la virginité pour leur mariage», lit-on dans l'entretien d'ALM (page 29) avec Nouamane Guessous, écrivaine du best seller «Au-delà de toute pudeur» (1987). Elle est actuellement en train d'écrire un ouvrage sur la communication dans le couple et où la sexualité occupe, dit-elle, un grand volet. Avec son mutisme, ses interdits, ses traditions frôlant parfois le voyeurisme notamment concernant la fameuse cérémonie du «Saroual» : le sang doit saigner pour prouver la virilité de l'homme, et la pureté de la femme, la société marocaine pèse de tout son poids sur l'imaginaire et l'appréhension de la première rencontre dans le couple. Et puis il y a aujourd'hui Internet qui nourrit la représentation de la sexualité des jeunes. Une représentation pas toujours en phase avec la sexualité dans le couple. «Sexuellement parlant, on apprend dans le tas, il n'y a pas de rationalisation, on ne lit pas des manuels, on ne discute pas avec les parents», a indiqué à ALM le sociologue Mustapha Aboumalek qui a publié il y a dix ans l'ouvrage «Qui épouse qui». Selon lui, «sur le plan religieux, l'abstinence est prescrite. Et dans les faits, c'est l'instinct qui l'emporte sur la raison». Et d'ajouter : «il y a d'abord le premier rapport qui se passe en secret, dans la peur, dans l'inquiétude, dans l'angoisse. Et puis il y a le rapport officiel, celui de la nuit de noces». Par ailleurs, concernant les jeunes mariés, il y a également la tension qui suit la fête de mariage, l'inquiétude liée à la découverte de l'autre, la peur issue des croyances par rapport à la défloration (que l'hymen soit vrai ou reconstitué). «L'homme a également peur. Il n'est plus en face des femmes avec lesquelles il s'amusait, mais en face de la future mère de ses enfants», a expliqué à ALM Dr Chabach. Il existe également toute sorte de pathologies liées à la peur ou à une mauvaise approche pendant le premier rapport sexuel notamment (voir encadrés) ou même de graves hémorragies. Donc sachant que la sexualité est le pilier de la relation conjugale, il faut être bien informé et ne pas avoir peur de parler de ce premier rapport sexuel que ce soit avec le conjoint ou le médecin, en famille, ou à travers de bons livres. Dyspareunie D'après le Dr Amal Chabach, sexologue, la dyspareunie est une douleur qui survient lors de la pénétration et lors des va-et-vient qui s'ensuivent. La dyspareunie peut être superficielle lorsqu'elle survient dès le début de la pénétration. Elle peut aussi être profonde lorsque la douleur apparaît lors de la pénétration complète. Ces douleurs déconcentrent la femme et perturbent l'acte sexuel. Les causes de la dyspareunie peuvent être organiques (mycoses vaginales, infections du col de l'utérus, kyste de l'ovaire, déchirures périnéales suite à un accouchement, etc.). Mais la qualité du rapport sexuel peut en être également la cause. En effet, si la femme n'est pas suffisamment excitée ou n'a pas envie, il n'y aurait pas de lubrification et donc la pénétration serait douloureuse. Vaginisme Selon le Dr Amal Chabach, sexologue, le vaginisme, pathologie également appelée «tqaf», «sefha» en dialecte marocain, est lorsqu'il y a impossibilité d'une pénétration vaginale. La femme a une peur incontrôlable et ressent une douleur physique et psychologique à toute tentative de pénétration vaginale. Le vaginisme peut être primaire, secondaire, partiel ou total. Le vaginisme primaire c'est lorsque depuis le début de sa vie sexuelle, la femme a une peur phobique de la pénétration et donc reste vierge malgré plusieurs années de mariage. Dr Amal Chabach confie même avoir connu des couples dont le calvaire a duré 12 ans tout au long desquels les deux partenaires avaient chaque jour l'espoir d'accomplir une pénétration. • Le vaginisme secondaire: Après avoir eu une période de vie sexuelle normale, la femme, par exemple, après un épisode infectieux ou bien un choc psychologique, développe un vaginisme secondaire après un rapport sexuel douloureux. • Le vaginisme partiel: La femme n'arrive pas à être pénétrée lors de certaines positions pendant le rapport sexuel. Par contre, elle peut avoir des pénétrations indolores lors d'autres positions sexuelles. • Le vaginisme total: Aucune pénétration n'est possible quelle que soit la position.