Les temps à venir seront durs pour les musulmans des Pays-Bas. Et donc pour les Marocains. La droite radicale et xénophobe a le vent en poupe chez les Bataves. Les élections locales qui se sont déroulées mercredi attestent, si besoin est, du profond grippage du modèle hollandais depuis l'horrible assassinat de Théo van Gogh par Mohamed Bouyeri. Et la vengeance est, dit-on, un plat qui se mange froid. En effet, des élections locales organisées dans 394 villes, l'événement viendra des deux seules villes où l'extrême droite de Greet Wilders se présente alors qu'elle affronte pour la première fois ce type de scrutin puisque son parti (PVV) n'existe que depuis 2006.A Almere, près d'Amsterdam, ville de 190.000 habitants, le PVV arrivera en tête. Il est en seconde position à La Haye, siège du gouvernement. Pour partiels qu'ils sont, ces résultats sont un triomphe qui feront dire à Wilders qu'il est désormais en situation «d'arracher les Néerlandais à l'élite de gauche qui protège les criminels et qui soutient l'islamisation» de la Hollande. Il pense, bien entendu, aux élections législatives anticipées qui se tiendront le 9 juin. Il est à parier que ce qui a été possible dans ces deux villes pourra l'être sur le plan national. Les élections locales, d'habitude propices pour discuter des crottes de chiens et autres problèmes de stationnement, ont été, pour le coup, l'occasion d'aborder des thèmes nationaux tels que l'immigration, la délinquance ou le retrait des 1600 soldats bataves du bourbier Afghan. On y a parlé d'interdiction du Coran, de la création «de commandos urbains», de suppression des subventions pour ce qui est intégration… Il n'y a donc pas de raisons pour que les élections nationales du 9 juin ne soient pas l'occasion de renforcer ce terreau favorable à Wilders. L'extrême droite hollandaise peut accéder au pouvoir. Elle ne pourra pas le faire toute seule. Le système politique hollandais est configuré de telle sorte qu'il favorise l'émiettement. Il rend, de fait, obligatoire l'entente entre plusieurs partis pour former une coalition. C'est, depuis mercredi, le seul débat qui doit agiter les différents états-majors : faudra-t-il oui ou non s'allier à Wilders ? Dans toute l'Europe, les débats identitaires minent les champs politiques avec plus au moins de gravité. L'évolution politique en Hollande, pays autrefois exemplaire pour son modèle de tolérance, ne sera pas sans impact sur les questions d'intégration des musulmans d'Europe aussi bien au Danemark qu'en Italie. Ce sera aussi le cas de la Belgique et de l'Espagne. L'immigration marocaine parce que forte dans tous ces pays en subira, qu'on le veuille ou pas, les dégâts collatéraux.