Cette semaine, le calendrier a fait télescoper deux événements qui s'incarnent dans deux figures : Mahmoud Ahmadinejad et Nelson Mandela. Deux effigies à front renversé. Le premier est l'aboutissement paranoïaque d'une révolution islamique et iranienne qui ne cesse de bouillir. . Le second incarne l'anéantissement d'un régime politique d'une inhumanité et d'une férocité qui a duré près de 300 ans. En effet, jeudi, l'Afrique du Sud a fêté les vingt ans de la libération de celui qui, au siècle dernier, fut qualifié du «plus vieux prisonnier politique au monde» puisque Nelson Mandela demeurera 27 ans dans les geôles de l'apartheid. Cette libération n'aurait été rien sans la levée, sans conditions, de l'interdiction qui pesait sur l'ANC et 30 autres partis politiques, la suspension de la peine capitale; l'annulation de l'état d'urgence; l'autorisation pour les syndicats de mener librement leurs activités; la libération de tous les prisonniers politiques et la suppression de toutes les restrictions imposées aux exilés politiques. A tout cela s'ajoute, et c'est le plus important sans doute, l'organisation des premières élections entièrement démocratiques en Afrique du Sud. C'est ce scrutin qui mènera Mandela à la présidence. Tout cela n'aurait pas été possible sans la vigoureuse action d'un autre homme : Frederik Willem de Klerk. C'est lui qui dès le 2 février 1990, c'est-à-dire 9 jours avant la libération de Mandela, avait annoncé devant son Parlement et le monde entier le fin de l'apartheid. Et si la puissante icône qu'est Mandela relègue celle de De Klerk, c'est parce que le premier incarne des valeurs universelles de pardon et de réconciliation qui en font quelqu'un de révéré. Regardez le dernier film de Clint Eastwood « Invictus ». C'est une ode. Mahmoud Ahmadinejad, lui, fête, sous haute tension, le 31ème anniversaire de sa Révolution de 1979. A cette occasion, et plus que jamais, ce président de la fraude a tenté de montrer aux iraniens et au monde une image d'un peuple rassemblé autour d'un régime qui, quoi qu'en dise, est aux abois. Les images de milliers de personnes rassemblées sur la place Azadi (liberté en farsi «sic») pour écouter son discours font, peut-être masse. Ils ne font plus illusion. On parle, pour ces rassemblements, de partisans «alimentaires» d'Ahmadinejad puisqu'on leur assure le transport et deux repas. C'est dire la conviction… Pauvre Islam. Autrement, censure aidant, aucune voix discordante ne doit être tolérée. Cela n'empêche pas ce peuple dont 60% sont nés après la Révolution d'aspirer à une République iranienne au lieu d'une République islamique.