La Coupe d'Afrique commence samedi prochain. La fête du football africain est loin d'être partagée par les clubs européens. Ces derniers se plaignent du départ des joueurs africains. Ils sont six joueurs marocains à ne plus vouloir jouer pour l'équipe nationale, préférant à cela de rester parmi leurs clubs d'adoption à l'étranger. Des joueurs auxquels s'ajoute un bon nombre d'internationaux africains, tiraillés entre la volonté de représenter leurs pays à la Coupe d'Afrique et l'ambition de « rester en de bons termes » avec les clubs européens où ils évoluent. Le bonheur des uns fait le malheur des autres: quand l'Afrique retrouve ses vedettes, l'Europe ne peut s'empêcher de faire la grimace. La CAN 2002, qui débute samedi prochain au Mali, représente tout simplement un manque à gagner pour les clubs du vieux continent. Les différents championnats européens battent leur plein, la polémique sur leurs internationaux Africains aussi. Pour ne parler que du cas marocain, Mustapha Hadji, son frère Youssef, Hassan Kachloul, Talal El Karkouri, Khalid Fouhami et Youssef Rossi l'ont dit haut et fort: ils ne veulent plus jouer en équipe nationale, du moins lors de la Coupe d'Afrique. Chacun d'entre eux a ses propres raisons. Pour Mustapha Hadji, qui est resté à Aston Villa en Angleterre, son refus est une façon de dénoncer « le climat malsain » qui règne au sein des lions de l'Atlas. Son compatriote défenseur du Paris-SG, Talal El Karkouri, a invoqué un argument sportif pour décliner l'invitation. Il s'agit de défendre sa place de titulaire au sein de son club. Les autres joueurs qui ont opté pour le maillot national risquent d'en payer le prix très cher. On en a pour preuve Salahddine Bassir et Abdelilah Fahmi qui risquent de perdre leur place de titulaires au sein du club français de Lille. Leur transfert plane déjà à l'horizon. «Si tu pars à la CAN, je te mets sur la liste des transferts ». La parole est de Vahid Halilhodzic, entraîneur de la même équipe de Lille et c'est à un autre joueur africain, le Sénégalais Sylvain Ndiaye, qu'il s'adresse. C'est dire que le problème concerne tout un continent, contre un autre. Avec une quarantaine de joueurs en partance pour leur sélection, les clubs français paient le plus lourd tribut. Lens, notamment, va devoir se passer de trois de ses meilleurs éléments, à savoir les Sénégalais hadji Diouf, Ferdinand Coly et Pape Sarr. La plupart des internationaux africains sont restés jusqu'à la mi-janvier. Le Nigérian du Paris Saint-Germain Augustine Okocha a pris davantage de libertés en rejoignant les Super Eagles début janvier. L'autre nigerian, Nwanko Kanu qui joue en Angleterre au sein de l'Arsenal, a dû batailler avec sa fédération pour pouvoir rester jusqu'à dimanche dernier, match au sommet contre Liverpool oblige. En Espagne, l'absence du Camerounais Geremi, souvent remplaçant au Real Madrid, ne risque pas de faire trop de bruit. Majorque, mal en point, a en revanche tout essayé pour retarder le départ de son compatriote, l'attaquant Samuel Eto'o, un pilier de l'équipe des Baléares. Battu dimanche par 3 buts à 0 par Valladolid, le Deportivo la Corogne, regrette déjà son défenseur central et qui n'est autre que le Marocain Noureddine Naybet. Le problème se pose moins en Allemagne où le championnat observe une trêve jusqu'au 26 janvier. Le Ghanéen du Bayern Munich Samuel Kuffour ne sera, au meilleur des cas pour sa sélection, absent que quinze jours, la finale de la CAN tombant le 10 février. En Italie, Patrick Mboma, élu meilleur joueur africain en 2000, profitera de la CAN pour oublier son statut de remplaçant à Parme. On le sait déjà, de surcroît, la fédération internationale (FIFA) oblige les clubs à mettre les joueurs à disposition de leur pays. De surcroît, les clubs sont tenus de payer le salaire et les assurances des joueurs pendant la confrontation africaine, comme pendant n'importe quel rendez-vous international. Ce qui ne semble pas arranger les responsables Européens de la balle ronde. Tombant tous les deux ans alors que les compétitions battent leur plein en Europe, la CAN pose le problème du calendrier international harmonisé.