Le mystère qui enveloppe l'affaire des touristes européens disparus dans le Sahara algérien n'est pas prêt de se dissiper. Les ravisseurs se montrent de plus en plus méfiants. Transférés au Mali après leur enlèvement en Algérie en début d'année dans le Sahara algérien, les quatorze touristes européens - encore en captivité - sont, au fil des jours, confrontés à un sort incertain. Les ravisseurs, dont la méfiance prend de plus en plus d'ampleur, refusent ainsi de libérer les otages malades et âgés, comme le revendiquent les médiateurs maliens. Les touristes dont l'état de santé est instable seraient au nombre de six au total. Le témoignage d'une envoyée spéciale du quotidien algérien Al-Watan, fait état de déplacements des otages et de leurs ravisseurs. À partir du Mali où elle se trouve actuellement, l'envoyée spéciale en question affirme que les kidnappeurs, « munis » de leurs captifs, ont quitté Kidal, à la frontière algéro-malienne, en direction des anciennes mines de sel de Taouddini, situées à plus de 600 kilomètres de Kidal, plus au nord vers la frontière mauritanienne. Al-Watan estime que cet endroit est un véritable « No Man's Land », une zone de non-État, soulignant que les ravisseurs ont, visiblement, été bien renseignés sur le choix du lieu de refuge. «Aucun des négociateurs n'a pu accéder à l'endroit où sont détenus les otages et encore moins connaître le chef des terroristes et leur nombre », précise Al-Watan. À Bamako, une source proche des négociations avait indiqué que les ravisseurs se montraient intransigeants sur les modalités des négociations. Ils insistent sur le fait d'avoir affaire à un seul médiateur, qui soit agréé par les autorités maliennes pour la libération des otages. Par ailleurs, d'autres démarches officieuses emboîteraient le pas aux médiations, conjointement menées par les gouvernements malien et allemand. Les démarches en question seraient l'œuvre de chasseurs de primes, qui auraient été engagés afin de démêler, dans les plus brefs délais, cet écheveau imbu d'ambiguïté. La médiation du gouvernement malien est, quant à elle, menée par un notable respecté du nord du pays, qui avait rencontré deux des ravisseurs sur le territoire malien. Au total, trente-deux touristes européens avaient été enlevés, entre février et mars derniers, par des islamistes armés du groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), proche de la nebuleuse d'Al Qaïda. L'enlèvement serait l'œuvre de Abderazzak le para, bras droit du chef du GSPC, Hassan Hattab, qui aurait quitté son fief dans les maquis de Tébessa (Est algérien) pour la frontière algéro-malienne, selon la presse algérienne. Dix-sept des otages ont recouvert la libérée en mai grâce à l'intervention de l'armée algérienne, tandis qu'une touriste allemande est décédée des suites d'une insolation. Elle aurait été enterrée fin juin dans le Sahara algérien.