Algérie. Au lendemain de la libération de 17 touristes disparus dans le Sahara algérien, l'énigme est loin d'être résolue. Imputé au groupe islamiste GSPC, cet enlèvement reste un mystère, tout comme le sort des 15 touristes encore détenus. Annoncée mercredi, la libération de six Allemands, un Suédois et dix Autrichiens a été accueillie avec autant de soulagement que d'inquiétude par les chancelleries occidentales. Dans un communiqué diffusé par l'agence officielle APS, l'armée algérienne a indiqué avoir lancé un assaut mardi contre le camp où les 17 touristes étaient retenus par les «terroristes du Groupe pour la prédication et le combat», dirigé par Hassan Hattab. Le groupe aurait été repéré une dizaine de jours auparavant et compterait dans ses rangs des Yéménites. Selon Le Matin de jeudi, il serait originaire du Nord, de la région Batna-Tébessa, et avait pour mission « non pas d'enlever des touristes mais d'accueillir des terroristes étrangers appartenant à Al-Qaïda ». L'opération s'est déroulée de nuit dans la région d'Amguid, à 1.900 km au sud d'Alger, dans le plateau aride d'Irarraren. Le quotidien El Watan a fait état dès mercredi de « violents accrochages » qui ont coûté la vie à neuf des ravisseurs. Le lendemain, ce même journal a revu à la baisse ce bilan, indiquant que seuls quatre d'entre eux avaient été tués. Il a par contre annoncé qu'un militaire avait été tué et deux autres blessés. Tous les otages rescapés ont rejoint dans la soirée de mercredi leur pays respectif sans faire aucune déclaration, silence également observé par les ministères des Affaires étrangères d'Allemagne et d'Autriche. Reste que cet événement suscite de nombreuses interrogations d'autant qu'il a été précédé d'une gestion chaotique par les autorités algériennes. La presse allemande a souligné la semaine dernière que Berlin – qui comptait 15 ressortissants parmi les otages – refusait toute utilisation de la force. L'opération de mardi s'est pourtant déroulée au moment où le chef de la diplomatie allemande, Joschka Fischer, quittait Alger… Le gouvernement algérien avait quant à lui annoncé avoir localisé les touristes, mené des négociations avec leurs ravisseurs, avant de se rétracter. Motivation sécuritaire ? Jusqu'à mercredi, les médias privilégiaient la piste de contrebandiers preneurs d'otages, et non celle d'un groupe islamiste – de surcroît lié à Al-Qaïda – peu présent dans le sud désertique. Si l'on se réfère à la version officielle, plusieurs questions restent aussi sans réponses. Pourquoi le GSPC a-t-il enlevé ces touristes ? Aucune revendication n'a été rendue publique et le mouvement n'est pas coutumier de ce genre d'opérations. Au contraire, il se targue de viser les forces sécuritaires. Comment ces otages ont-il pu rester en captivité pendant près de trois mois ? Enfin et surtout, quel sera le sort des 15 autres touristes toujours aux mains de leurs ravisseurs ?