L'Association marocaine de lutte contre la polyarthrite rhumatoïde lance une campagne où elle interpelle la CNSS à assurer à ses affiliés atteints de polyarthrite une prise en charge totale. Les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde ne bénéficient toujours pas d'une prise en charge adéquate.30% des frais des soins restent à la charge du malade, ce qui représente plus de dix fois le SMIG. Pour faire prendre conscience de l'urgence de la situation, l'Association marocaine de lutte contre la polyarthrite rhumatoïde (AMP) lance une campagne où elle interpelle les organismes de remboursement en particulier la Caisse nationale de sécurité sociale à assurer à ses affiliés atteints de polyarthrite une prise en charge totale et préalable. «Nous avons eu des promesses de la CNSS pour une prise en charge totale de cette pathologie. Mais jusqu'à ce jour, il n'y a toujours rien de concret», déplore Dr Mohamed Saleh Bennouna, président de l'AMP. Et de poursuivre : «Nous revendiquons une prise en charge à hauteur de 95 à 97% pour les personnes assurées à la CNSS et autres mutuelles privées». Cherchant à comprendre pourquoi cette maladie ne fait pas l'objet d'une prise en charge effective alors que d'autres affections de longue durée ont été exonérées, ALM a contacté à plusieurs reprises Mohamed Afifi, directeur Stratégie à la CNSS, mais ce dernier était injoignable. Chaque année, 240.000 patients sont diagnostiqués et plus de la moitié soit 74.800 ne suivent qu'un traitement palliatif. Les traitements de fond préconisés pour arrêter l'évolution de la maladie ne sont utilisés que très rarement (53.700 cas) et ce quel que soit le stade de la maladie. C'est ce qui ressort d'une étude réalisée par l'AMP en janvier 2009 et qui a ciblé 250 praticiens exerçant dans les régions de Casablanca, Rabat, Fès et Marrakech. Cette enquête a permis de dresser un panorama exact de la façon dont sont traités les patients atteints de cette maladie au Maroc. L'étude montre que sur l'ensemble des personnes diagnostiquées, 30% vont chez des généralistes contre 59% chez des rhumatologues et 11% chez d'autres médecins spécialistes. Cette maladie silencieuse n'est pas sans conséquence puisqu'elle anéantit le patient physiquement, financièrement et psychologiquement. Selon cette enquête, la polyarthrite rhumatoïde engendre une diminution de 5 à 10 ans de l'espérance de vie. 50% des malades sont contraints d'arrêter de travailler trois ans après le début de la maladie. Cette pathologie est aussi à l'origine de 10% de cas de divorces et a des répercussions sur l'éducation des enfants. Les médicaments pris à vie coûtent très chers. Un malade est amené à dépenser 100.000 DH par an. Beaucoup de patients n'ont pas la capacité de payer les médicaments et attendre par la suite le remboursement de la CNSS. Pour faire entendre leurs voix, les patients n'ont d'autres moyens que de publier leurs témoignages sur Facebook et Youtube. Et pourtant, personne ne les écoute.