La tolérance dont jouissaient jusque-là au Maroc des éléments ouvertement séparatistes n'a abouti qu'à leur permettre l'autodafé du drapeau national en plein centre de la capitale du pays. La fermeté, toute la fermeté, rien que la fermeté. En mettant entre les mains de la justice Tamek et consorts, en renvoyant Aminatou Haidar à ses officiers traitants, le Maroc a bel et bien fermé une grande parenthèse qui consistait à donner du mou à ce qu'on a pris l'habitude d'appeler «le Polisario de l'intérieur». La tolérance dont jouissaient jusque-là au Maroc des éléments ouvertement séparatistes n'a abouti qu'à leur permettre l'autodafé du drapeau national en plein centre de la capitale du pays. Attitude de bonne volonté, elle n'a donc, fort malheureusement, pas débouché sur les résultats escomptés. Pourtant, la démarche n'était pas dénuée de sens. Elle accompagnait une politique globale cherchant, à travers l'initiative de l'octroi d'une large autonomie aux provinces du Sahara, à promouvoir l'idée d'une possible convivialité avec les plus extrémistes du Polisario et offrir à Alger une voie de sortie par l'adoption d'une solution de gagnant – gagnant. L'émergence dans cette dynamique d'un courant de jeunes Sahraouis se réclamant du martyr Elouali laissait espérer un retour vers les idéaux initiaux de ce chef historique du Polisario pour lequel le Sahara était un foyer révolutionnaire non pas pour la création d'un Etat sahraoui mais pour fonder un Maghreb des prolétaires. L'échec du communisme avec la chute du Mur de Berlin ruinait la «pureté» du projet originel mais aurait pu permettre son recentrage vers l'édification d'un Maghreb de la démocratie et de la bonne intelligence. Mais c'était compter sur un Polisario indépendant de l'Algérie ou à défaut sur l'existence à Alger d'une tendance de bonne volonté. Faudrait-il alors regretter que la Maroc ait une fois de plus tablé sur un possible retour à la raison du pouvoir algérien ? Oui, si l'on considère qu'Alger n'a fait que profiter de la résolution de Rabat à sortir la région du conflit pour essayer de fragiliser le Maroc dans le rapport de force régional. Oui, encore si l'on estime qu'en donnant de l'espace au «Polisario de l'intérieur», on a légitimé son existence en dehors des camps des Tindouf. Mais dans le premier cas comme dans le second, on est devant de fausses apparences sans relation avec la réalité du terrain. Plus que jamais le Maroc tient son rôle à l'échelle régionale et internationale. Et c'est en raison de sa situation de modèle d'ouverture et de tolérance pour les pays du Sud que Washington invite Rabat à s'investir plus dans la recherche d'un dénouement du conflit du Moyen-Orient. C'est en raison également du sérieux de son engagement pour une solution d'autonomie au Sahara que l'Administration démocrate des Etats-Unis, alors qu'on semblait craindre le pire, a renouvelé le soutien américain aux propositions marocaines pour le Sahara. En même temps, la démarche marocaine a amené, jusque parmi les Espagnols, plusieurs voix traditionnellement hostiles à nos intérêts nationaux à ne plus considérer le Polisario «comme l'unique et légitime représentant du peuple sahraoui.» Elle a aussi montré les limites du «Polisario de l'intérieur» qui, en dépit de toutes ses tentatives tout au long de ces dernières années, n'a réussi qu'à allumer des feux de paille.