Il y a trois ans de cela, imprégné de mon expérience des «Grands-Frères» en France et mon propre vécu d'éducateur de rue, j'avais proposé à de jeunes militants associatifs du Réseau Maillage œuvrant à Casablanca, Mohammédia, Rabat et Salé de suivre une formation de «médiation» et d'initier une expérience que nous avions appelé «Jeunes médiateurs de quartiers». L'organisme international «Search for Common Ground» qui –à l'époque- avait signé une convention sur une telle formation avec le ministère de la Justice marocain, avait accepté d'accompagner cette initiative en formant ces jeunes, alors que le Lions Club Doyen, quant à lui, finançait cette expérience pilote… Il faut dire qu'alors ces jeunes étaient pionniers et je me souviens fort bien de nombreuses réticences à un tel projet arguant que cela «n'était pas dans la culture marocaine» !!! Vendredi dernier, j'étais invité par «Search for Common Ground» à venir assister à la remise de diplômes de ces jeunes et à l'ouverture de trois centres de médiation «de jeunes, par les jeunes» dans les quartiers populaires de Casa et de Tétouan. Que de chemin parcouru en trois années, non seulement le concept de médiation a aujourd'hui acquis ses lettres de noblesse au Maroc mais l'idée d'engager les jeunes eux-mêmes pour résoudre les micro-conflits qui peuvent se poser entre jeunes rend encore plus pertinent le slogan que nous avions alors choisi : «Des jeunes, par les jeunes, pour les jeunes» ! Au-delà de la satisfaction personnelle de voir une idée et une démarche se concrétiser, permettez-moi d'exprimer ici un autre contentement, celui de voir des jeunes Marocains(es) d'un milieu très modeste, issus de nos quartiers les plus défavorisés arriver à un tel degré de responsabilité, de conscience, d'appropriation d'une formation pour se mettre au service d'autres jeunes… Oui, nos jeunes sont capables du meilleur, oui dès lors que l'on leur fait confiance et leur propose une formation, une éducation , un engagement… ils s'en saisissent et montrent leur capacité à assumer des responsabilités. Ces jeunes, élevés dans des conditions difficiles, au bagage scolaire parfois mince, se trouvent à des années- lumière de ceux que l'on appelle désormais les «dé-jeûneurs» et qui ont défrayé la chronique en médiatisant une tentative de rupture du jeûne publique- diurne- il y a quelques jours. Pardonnez-moi, mais il me semble clair que sont ces jeunes médiateurs de quartiers qui mériteraient les honneurs de la presse, qui méritaient de voir leur parcours, leurs actions, leur contribution à la cohésion sociale mis sous les feux de la rampe. Tenez plutôt que l'un des «dé-jeûneurs», je vous propose un profil qui mériterait un portrait : celui de Redouane Houlam -jeune de Lissasfa- issu d'une famille très modeste, qui a gravi un à un les échelons du travail social et se retrouve aujourd'hui formateur à «Search for Common ground». Quel bel exemple !