Opérations de saisie, interdictions de publication, enquêtes, procès et amendes ont été le lot de la presse écrite durant tout l'été. Et la rentrée s'avère être délicate. Rappel. La saison estivale a été très chaude pour la presse écrite nationale. Le 29 juin 2009, les trois quotidiens Al-Jarida Al-Aoula, Al-Ahdath Al-Maghribia et Al-Massae, ont été condamnés à verser, ensemble, la somme de trois millions de dirhams de dommages et intérêts pour «atteinte à la dignité d'un chef d'État, suite à la publication de tribunes d'opinion critiquant le président libyen Mouammar Kadhafi». Vingt-quatre heures plus tard, le mensuel Economie & Entreprises a été condamné en appel au paiement de 5,9 millions de dirhams pour «diffamation» à l'encontre de l'entreprise Primarios. La FMEJ, Fédération marocaine des éditeurs de journaux, avait alors par le biais d'un communiqué rendu public le lundi 6 juillet, dénoncé l'«escalade judiciaire aveugle qui ne sert pas l'état de droit» à l'encontre des trois quotidiens arabophones et du mensuel économique. «L'importance des amendes (...) exigées montre à l'évidence que l'objectif recherché (...) est la mise en faillite de ces entreprises de presse». Le samedi 1er août, ce sont 100.000 exemplaires des numéros 384-385, et des numéros 212-213, des deux hebdomadaires, du numéro de TelQuel et de Nichane qui ont été saisis par le ministère de l'Intérieur pour avoir publié un sondage sur le bilan des dix premières années du règne de SM le Roi Mohammed VI -effectué en partenariat avec le journal français Le Monde-. Un communiqué du ministère de l'Intérieur avait alors précisé que cette mesure intervient en application des dispositions de l'article 77 du Dahir du 15 novembre 1958, formant Code de la presse au Maroc. La réalisation de sondages sur la personne du Roi pour en faire un sujet de débat public est «contraire au caractère sacré de la monarchie», avait affirmé le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri. L'affaire la plus récente est celle des hebdomadaires «Al Ayyam», «Al Michaâl» et «Al Jarida Al Oula», qui ont publié des articles sur la santé de SM le Roi sans se limiter à la version officielle donnée par le communiqué du Cabinet royal. Le procureur général près le tribunal de première instance de Rabat avait ordonné à la police judiciaire de diligenter une enquête minutieuse avec les directeurs de ces publications ainsi qu'une enquête avec «toute personne impliquée dans cette affaire». Notons que dans ce contexte où les démêlés de la presse avec la justice sont de plus en plus nombreux, tous les représentants de la presse s'accordent à ce que la réforme du Code de la presse devient nécessaire, bien que celle-ci soit au point mort depuis deux ans. Ils appellent aussi à l'initiation d'un dialogue serein sur la question en évitant la tentation de vouloir diviser le secteur ou d'exploiter des affaires judiciaires en cours. Dans ses plus récentes sorties médiatiques, le ministre de la Communication a certes appelé à l'ouverture du dialogue entre le gouvernement et l'ensemble des représentants de la presse en l'occurrence la FMEJ et le SNPM, mais sans qu'aucune date butoir ne soit fixée et une méthode arrêtée. Par ailleurs, outre la liberté d'expression, et dans un pays où 1% de la population achète des journaux, les entreprises de presse se trouvent également confrontées à plusieurs problèmes. L'augmentation du prix du papier, la concurrence hors médias qui croît de jour en jour et la problématique de la publicité, entre autres sont des problèmes qui préoccupent les éditeurs puisqu'ils rendent l'entreprise de presse de plus en plus vulnérable.