Nicolas Sarkozy redécouvre sous l'œil bienveillant de Carla les grands auteurs de la littérature française et des chefs-d'œuvre du cinéma et de la création artistique. Comme la célèbre Madame Ghislaine Marchal était censée avoir lancé son cri scriptural contre le jardinier marocain «Omar m'a tuer», le président de la République Nicolas Sarkozy pourrait demain écrire dans le Livre d'or de son quinquennat, sans risque d'être démenti « Carla m'a transformer». Cette vérité est si criante qu'il ne se passe par une semaine sans que fleurissent, dans la presse, des bouquets d'articles détaillant les effets positifs de Cala Bruni sur l'homme, Nicolas Sarkozy et sur sa gouvernance. En une année de mariage et quelques mois, Nicolas Sarkozy est méconnaissable. S'il avait gardé les tics de sa nervosité personnelle, ses choix d'hommes et de discours font la part belle à une grande transformation qui reste à démontrer si elle est profondément voulue et artificiellement subite. On ne vit pas impunément avec une femme qui se dit de gauche. Deux grands magazines d'informations de cette semaine se penchent sur la question. Le «Nouvel Observateur » titre «Les habits neufs du président Sarko» et «Le Point» qui enquête sur les «amis de Carla» avec Frédéric Mitterrand en couverture. Les signes de cette transformation ne trompent pas. Nicolas Sarkozy a entrepris un vrai travail de séduction à l'égard des symboles de la gauche. L'écume de cette stratégie eu lieu quand cette semaine, le président de la République accorde un entretien exclusif à un magazine de gauche comme le «Nouvel Observateur» dans lequel il commence presque par présenter ses plates excuses à un autre patron de presse de gauche, Laurent Joffrin de «Libération» et par faire amende honorable sur un style de vie qui avait beaucoup choqué par le brillant excessif de son «Bling Bling». La sortie de Nicolas Sarkozy dans le «Nouvel Obs. » est révélatrice de l'ampleur du tournant que le président prend dans sa conception de la politique. Entre l'Elysée et le journal de Claude Perdriel, la guerre fut totale depuis que ce dernier avait laissé publier une information selon laquelle à quelques heures de son mariage avec Carla Bruni, Nicolas Sarkozy aurait adressé un SMS à son ex-épouse Cécilia : «Si tu reviens, j'annule tout». L'amertume comme la colère présidentielle avaient atteint des sommets cycloniques. Le premier segment visible de l'influence de Carla Bruni sur les choix de Nicolas Sarkozy est à trouver dans les hommes catalogués à gauche que l'Elysée vient de mettre aux postes stratégiques de la création culturelle. Le plus emblématique entre eux est Frédéric Mitterrand qu'on décrit comme un protégé et un intime de la famille Bruni-Tedeschi, notamment de la maman Marisa. Bien avant lui, Nicolas Sarkozy avait assuré la promotion du patron de la chaîne de cinéma MK2, Marin Karmitz, catalogué à gauche et nommé délégué général à la création artistique. Ensuite, il y a eu l'épisode Philippe Val, le patron du journal satirique « Charlie Hebdo» catapulté directeur de la très écoutée et influente «France Inter». L'autre segment de l'influence de Carla Bruni sur Nicolas Sarkozy est sans doute moins avantageux pour le président de la République. De nombreuses enquêtes dans la presse française font état de la soudaine boulimie de lecture de Nicolas Sarkozy qui redécouvre sous l'œil bienveillant de Carla les grands auteurs de la littérature française et des chefs- d'œuvre du cinéma et de la création artistique. Les luxueux détails donnés sur cette transformation laissent entendre que le président de la République n'était sensible dans ses goûts qu'à la sécheresse des articles de droit et la raideur des lignes comptables. C'était sans doute le cas avant que n'arrive, dans son carrosse lumineux, la fée Carla et son goût prononcé pour les arts et les lettres. Les plus cyniques pourront toujours dire que Nicolas Sarkozy se livre, dans ses gesticulations avec les symboles de la gauche, à un rôle de composition qu'exige de lui l'auto-préparation à un second mandat en 2012. Se débarrasser définitivement de l'enveloppe sectaire qui caractérise sa famille politique, tel pourrait être le credo d'un homme qui sait que les Français, magnanimes, le jugeront non sur sa capacité à régler les épineux dossiers de la crise économiques mais sa capacité à inspirer confiance, à redevenir l'homme virevoltant et sympa qui, un jour, a su terrasser Ségolène Royal et François Bayrou.