Le secrétaire général du PJD qualifie de «normal» le résultat obtenu par sa formation et estime que la victoire du Parti Authenticité et Modernité aux élections est mitigée. ALM : Le nombre de sièges obtenus par le PJD a pratiquement triplé par rapport aux communales de 2003. Quelle lecture faites-vous de cette avancée ? Abdelilah Benkirane : Le score obtenu par le PJD lors des Communales est normal. En 2003, il y a eu une intervention de l'administration qui a limité les candidatures du PJD. A l'époque, nous n'avons présenté que 18% des candidatures alors que lors des élections du vendredi 12 juin nous étions à environ 35% des candidatures. Nous avons réalisé un bon score vu ce taux de couverture qui n'est pas élevé lui aussi. Ceci est dû essentiellement au fait que nous n'avons accrédité que les gens auxquels nous faisons confiance. Il ne s'agit pas de présenter n'importe qui car nous raisonnons en termes de qualité. Le PAM a remporté les élections. Qu'en pensez-vous ? La victoire du parti de Fouad Ali El Himma est mitigée. Il faut préciser que dans les grandes villes où est appliqué le scrutin de liste, le PAM est arrivé en troisième position après le PI et le PJD. A rappeler que les partis politiques ont brigué quelque 4.000 sièges dans les villes selon le scrutin de liste, alors que 22.000 sièges se situent ailleurs. Les campagnes sont en réalité sur-représentées. Par exemple, à Casablanca, il y a eu 129 sièges pour cinq millions d'habitants alors que dans les campagnes où est appliqué le scrutin uninominal il y a des milliers de représentants. Je pense que le fait de présenter les résultats en chiffres et en nombre de personnes n'est pas une méthode rationnelle. Quel impact pourrait avoir la victoire du PAM, un parti de l'opposition, sur la carte politique nationale ? Cela dépend des circonstances. Si par exemple au Parlement la majorité arrivera à se maintenir, je pense qu'il n'y aura aucun impact. Sauf si Fouad Ali El Himma arrivera à faire bouger la rue à travers des actes de manifestations. Ce qui est inconcevable bien évidemment. Il peut y avoir aussi impact si Abbas El Fassi n'arrivera pas à renforcer sa majorité au Parlement affaiblie par le départ du parti de Fouad Ali El Himma. Le ministère de l'Intérieur a affirmé que l'opération électorale s'est déroulée dans de bonnes conditions et que son département n'a enregistré que des cas isolés de fraude. Que répondez-vous à cela ? Les déclarations de Chakib Benmoussa sont à nuancer. L'usage de l'argent et des moyens illégaux continue d'entacher la crédibilité, la transparence et l'honnêteté des élections. Encore une fois le PJD s'est trouvé en compétition contre le parti de l'argent. Un phénomène qui touche plusieurs formations politiques. En plus, des actes de violence et d'intimidation ont été enregistrés dans plusieurs villes et particulièrement à Fès. Environ 7 millions de Marocains ont choisi de faire le déplacement le jour du scrutin pour élire leurs conseillers. Quel commentaire faites-vous de ce taux de participation ? Le taux de participation de 52,4% des citoyens annoncé par le ministère de l'Intérieur est apparemment vrai. Car 130.000 personnes, nombre des candidats aux élections communales, peuvent faire bouger plus de 37% du corps électoral (taux de participation enregistré lors des élections législatives). C'est un taux raisonnable. Mais il ne s'agit pas d'un grand changement.