Un nouveau médicament permettra aux patients atteints d'insuffisance rénale chronique de corriger l'anémie par une seule injection par mois. 7000 Marocains sont actuellement dialysés et 250 greffes ont été réalisées jusqu'à présent. Les maladies rénales restent mal dépistées et nombreux sont les malades qui arrivent au stade final de l'insuffisance rénale chronique (IRC). « Actuellement 7000 Marocains atteints d'anémie rénale sont dialysés. 48% sont mutualistes, 4% ont une assurance privé alors que 23,9% n'ont aucune assurance», a affirmé le Pr Benyounes Ramdani, chef du service de néphrologie à l'hôpital Ibn Rochd de Casablanca. Et de poursuivre «250 greffes ont été réalisées jusqu'à ce jour dont 110 à Casablanca, 68 à Rabat, 72 à l'étranger (44 en France, 19 en Egypte et 9 en Espagne, Philippines, Pakistan et Suisse)». Pour faire le point sur ce problème de santé publique, une rencontre s'est tenue le vendredi 5 juin à Casablanca sur «La prise en charge de l'anémie chez l'ICR». L'anémie rénale est une complication courante et invalidante de l'IRC. Celle-ci se caractérise par un faible taux d'hémoglobine (Hb) dans le sang. Quand le taux d'Hb est trop faible, les tissus de l'organisme ne sont pas suffisamment alimentés en oxygène, ce qui peut conduire à des complications cardio-vasculaires sévères, voire au décès en l'absence de traitement. Selon le registre Magredial, les principales causes de l'IRC sont l'hypertension artérielle (19%) et le diabète (17,2%). «Afin de lutter contre ces répercussions négatives sur la vie quotidienne et de prévenir ses redoutables complications cardio-vasculaires, l'arsenal thérapeutique s'est enrichi d'un nouveau produit, l'EPO de 3ème génération. Cet agent stimulant l'érythropoïèse (ESA) se présente sous forme de solution injectable qui comprend un principe actif proche de l'EPO, contenant du Méthoxy polyéthylène glycol-Epoétine bêta», a indiqué Pr Ramdani.Au lieu de 12 injections par mois, ce nouveau traitement antianémique n'est administré qu'une seule fois par mois. «Ce médicament est une solution injectable en seringue. Celle-ci peut être administrée par voie sous-cutanée ou intraveineuse. La dose initiale recommandée est de 0,6 microgramme par kg de poids corporel. MIRCERA n'est pas recommandé chez l'enfant et l'adolescent de moins de 18 ans», a précisé Pr Ramdani. A noter que des études cliniques ont révélé que 24% des patients traités par ce médicament étaient âgés de 65 à 74 ans et 20% de 75 ans et plus. «Le traitement de l'anémie rénale se trouve ainsi largement simplifié, avec pour conséquence une meilleure stabilité du taux d'Hg et une meilleure protection cardio-vasculaire. Son apparition constitue ainsi un grand progrès pour les personnes anémiées» a précisé le Pr Ramdani. Grâce à ce traitement, la dialyse ne peut plus constituer le seul traitement contre l'IRC. Au Maroc, l'hémodialyse est largement utilisée comme thérapie de remplacement rénale(94%), le reste étant partagé entre la dialyse péritonéale et la greffe rénale. La dialyse reste un traitement contraignant pour plusieurs raisons. Elle ne parvient à traiter qu'une petite quantité de sang par séance. Par conséquent, plusieurs passages par le dialyseur sont nécessaires, durant lesquels le patient doit rester branché à la machine pendant 4 à 5 heures. Son coût reste quant à lui exorbitant. Il faut compter 11.000 DH par mois. Rappelons qu'en 2003, le coût de l'hémodialyse au Maroc a été estimé à plus de 500 millions de dirhams et ce sans compter les médicaments, les explorations biologiques et radiologiques et les hospitalisations. Le Royaume compte actuellement 138 centres d'hémodialyse répartis principalement autour des grandes villes (45% des centres sont dans l'axe Casa- Rabat).