L'histoire tourne autour de la non invitation par la France d'Elisabeth II pour participer aux cérémonies du 65e anniversaire du débarquement des Forces alliées en Normandie. La catastrophe aérienne de l'Airbus reliant Rio de Janeiro à Paris n'a pas réussi à camoufler une polémique naissante mettant en scène trois grandes capitales politiques : Washington, Paris et Londres. Avec dans le rôle de la victime expiatoire, Elisabeth II, Reine d'Angleterre, dans celui du goujat discourtois, Nicolas Sarkozy et celui de Robin des bois, réparateur des injustices et des offenses, Barack Obama. L'histoire tourne autour de la non invitation par la France de la Reine d'Angleterre pour participer aux cérémonies, forcément grandioses et gorgées d'histoire, du 65e anniversaire du débarquement des Forces alliées en Normandie pour libérer l'Europe de l'emprise du nazisme, prévues samedi 6 juin. Par contre, une invitation personnelle a été adressée au Premier ministre britannique Gordon Brown. Sans doute très fière de son statut de dernier chef d'Etat encore en vie à avoir porté l'uniforme pendant la seconde Guerre mondiale, la reine Elisabeth II a pris une mouche bourdonnante et a laissé filtrer à la presse son amertume et sa déception. La mauvaise humeur de la reine a suscité à Paris une violente polémique : Comment Nicolas Sarkozy peut-il se permettre un tel affront à l'encontre d'une personnalité parmi les plus respectées du moment ? S'agissait-il d'un oubli volontaire ou d'une bourde protocolaire ? Le débat fait écume avec une telle rapidité qui a obligé le gouvernement à monter au créneau pour justifier un tel geste. Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, ensuite François Fillon Premier ministre ont tenté de mettre la balle dans le camp britannique en insistant lourdement «qu'il n'appartenait pas à la France de désigner la représentation britannique». L'opposition, à la recherche en ces temps électoraux de tous les armes pour tirer sur Nicolas Sarkozy, avait tenté d'exploiter cet impair. François Bayrou, leader du MoDem fait partie des plus virulents : «Le fait qu'on ait refusé d'inviter la Reine d'Angleterre (...) est à la fois un acte d'ingratitude et une grossièreté du point de vue international (…) L'image de la France en est atteinte». Selon François Bayrou, Nicolas Sarkozy ne cherche qu'un but : «c'est qu'il n'y ait que Nicolas Sarkozy et Barack Obama de reconnaissables sur la photo (…) C'est une organisation électorale d'un événement qui devrait échapper à l'électoralisme». Devant la polémique qui s'enflammait outre mesure et les nombreuses rumeurs sur une probable rectification de tir du côté français, la Reine Elisabeth II a tenu à une perfide clarification de la situation. Son porte-parole y est allé avec un art consommé de la litote: «Ni la Reine, ni aucun autre membre de la famille royale n'assisteront aux commémorations du Jour-J, puisque nous n'avons reçu aucune invitation officielle à aucun de ces événements». Et de rajouter cette phrase qui de la bouche d'un officiel vaut toutes les déflagrations d'amertume : «Nous aimerions redire que nous n'avons jamais exprimé aucun sentiment de colère ni de frustrations et que nous sommes satisfaits de toutes les dispositions qui ont été prises». Mais l'homme qui a donné à cette gaffe un impact planétaire n'est autre que le président américain Barack Obama. Non seulement, il a fait savoir, en des termes diplomatiques, qu'il ne comprenait pas l'absence de la Reine Elisabeth, mais il a fait savoir qu'il fait tout pour lui trouver un carton d'invitation et la convaincre de venir en Normandie. Le porte-parole de la Maison-Blanche Robert Gibbs est catégorique sur le sujet : «Nous sommes en train de travailler avec les parties concernées pour que cela soit le cas». Cette initiative fut commentée par Gordon Brown en ces termes lancés par son prote-parole : «Bien que nous considérions l'initiative de la Maison Blanche comme utile, nous ne sommes pas informés des efforts de l'administration américaine sur ce sujet». En plus de ne pas être invitée aux cérémonie du débarquement, la Reine Elisabeth II a d'autre raisons d'en vouloir à la famille Sarkozy. Dans le concours annuel des «Celebrity Hat Wearers» (Célébrités porteuses d'un chapeau), elle vient d'être royalement détrônée par Carla Bruni Sarkozy et son «bibi» décrit par les organisateurs du plus beau chapeau du monde comme un «exemple suprême de simplicité classique à son mieux, une touche de style qui a captivé l'attention des médias du monde entier».