Dans cet entretien Noureddine Ayouch juge indispensable pour les partis politiques de faire une action de proximité et de restructurer leurs programmes. ALM : Est-ce que vous envisagez de faire une campagne de sensibilisation pour les communales, comme celle menée en 2007 ? Noureddine Ayouch : Non. Après la campagne que nous avons menée en 2007 lors des élections législatives, j'avais décidé d'arrêter. Je pense qu'il ne faut pas remplacer les partis politiques. Les partis doivent faire leur travail eux-mêmes. Il faut qu'ils structurent leur programme, pour inciter les citoyens à participer. Ils doivent faire des actions de proximité, c'est-à-dire descendre sur le terrain, dans les douars et les différentes communes rurales et urbaines, là où il y a les électeurs. Quelle évaluation faites-vous de la campagne de sensibilisation 2007 Daba ? En 2007, nous avons essayé de sensibiliser les citoyens pour aller voter, pousser les élites à s'impliquer davantage et inciter les partis à s'ouvrir. Nous avions distribué des brochures pour les élites et avons eu également des réunions. L'évaluation de la campagne 2007 Daba s'est faite à travers l'enquête qui nous avions réalisée sur 1000 personnes et 10 partis politiques. Cette enquête a révélé que les gens n'ont pas été convaincus par les partis politiques. Les gens ne se sont pas retrouvés dans les discours et les programmes. C'est la raison pour laquelle ils ne se sont pas déplacés en masse pour participer à l'opération du vote. Il y avait les mêmes personnes et trop de partis. L'enquête que nous avons menée auprès des partis politiques montre que ces derniers étaient satisfaits de l'action 2007 Daba. Peut-on dire que la femme sera gagnante dans les échéances communales du 12 juin ? Je n'y crois pas beaucoup. Le quota de 12% est un début mais il reste faible. Si l'Etat n'accorde pas de quota, les femmes et les jeunes n'auront jamais de chance pour réussir dans les élections. La femme a démontré ses capacités sur plusieurs plans, notamment économique et social. On ne peut pas progresser dans la démocratie s'il n'y a pas de partis politiques forts. Il faut les aider à se reconstruire et limiter leur nombre. Il est indispensable de valoriser les partis. Ces derniers doivent créer des bloques. Il faudrait par ailleurs que les élites ne se désintéressent pas de la politique. Il faut également de la transparence et de la gouvernance. La solidarité doit de même exister entre les partis politiques. Pensez-vous que les jeunes auront leur place dans les candidatures des partis politiques pour les communales ? Je ne crois pas. Ceux qui sont à la tête des partis veulent garder le leadership jusqu'à la fin de leur vie. Il faut que les vieux laissent la place aux jeunes. Les vieux doivent prendre leur retraite. Il faut ouvrir la porte aux jeunes parce que l'avenir appartient à la jeunesse. Est-ce que les ressources des communes doivent être augmentées pour réussir le développement local ? Le développement local est fondamental. Si nous voulons entamer la régionalisation, il faut des collectivités locales fortes disposant de ressources suffisantes. L'application des lois est aussi indispensable. Au Maroc ce n'est pas l'absence des lois mais l'absence de l'application de la loi dans certains cas, qui fait défaut. Dans certaines communes il y a une mauvaise gestion des ressources qui sont des deniers publics. Le phénomène du gaspillage est à noter aussi. Dans d'autres communes en revanche, les ressources sont très limitées voire dérisoires.