La baguette de pain sera vendue à 1,20 dirham à partir de ce vendredi. La décision prise par le Syndicat national des boulangers a été notifiée à la primature, au ministère de l'Intérieur et à celui des affaires générales du gouvernement. Mutisme des pouvoirs publics, mutisme du consommateur. Les boulangers passent à la vitesse supérieure. Le prix de la baguette de pain augmentera de 10 centimes dès ce vendredi et sera vendue à 1,20 dirham. Les boulangers n'entendent d'ailleurs pas en rester là. Une deuxième hausse sera appliquée d'ici trois mois, pour aboutir à l'été prochain au prix de 1,40 dirhams. C'est la principale décision prise suite à la réunion d'analyse à laquelle ont pris part vendredi dernier tous les délégués régionaux de l'association, suite à la grève des 14 et 15 janvier, grève suivie, selon les professionnels, à hauteur de 90% dans tout le Royaume. Le syndicat unifié des boulangers a notifié hier par écrit la décision à la primature et aux ministères de l'Intérieur et des Affaires générales du gouvernement, lesquels n'avaient toujours pas réagi officiellement à l'heure où nous mettions sous presse. « Plutôt qu'une hausse, il s'agit d'une actualisation», précise El Houssine Azaz, président du Syndicat national et principal interlocuteur avec les autorités avec lesquelles le contact est aujourd'hui au plus bas. En fait, la décision de procéder à ces hausses était prise depuis le 14 septembre 2003. Elle n'a été reportée qu'in-extremis le 13 octobre suite à un conseil de ministres qui a planché sur la question. Le Premier ministre avait alors émis le souhait de voir les augmentations reportées jusqu'à la fin du mois de Ramadan. Les boulangers lui reprochent par la suite de ne pas avoir donné suite à leurs revendications. Toutes les tentatives d'entrer en contact avec la Primature ont été vaines. D'où le débrayage des 14 et 15 janvier. Pour le moment, le ministère des Affaires générales du gouvernement s'en réfère toujours à la loi sur la concurrence, promulguée en 2001, laquelle rend caduc le système d'homologation en vigueur pour les prix du pain depuis 1989. Pour rappel, le pain ne fait plus partie de la liste des produits dont les prix sont toujours fixés par le gouvernement. Cette actualisation serait donc tout à fait légale d'autant qu'elle ne fait que suivre l'augmentation des coûts de la farine et des autres intrants et du rehaussement des charges du personnel. Une étude menée par le ministère des Affaires générales du gouvernement, au temps où celui-ci était dirigé par Ahmed Lahlimi, avait conclu que le coût de revient du pain était il y a deux ans, de 1,23 dirham. Reste à savoir maintenant comment cette mesure, qui n'influe pas beaucoup sur le pouvoir d'achat, sera accueillie par la rue. Les boulangers avaient été auparavant en grève trois fois: le 8 juillet 2003, le14 octobre 2003 ainsi que les 14 et 15 janvier 2004, pour dénoncer l'accord d'homologation de prix en vigueur depuis quinze ans. Avec cette augmentation, c'est toute la politique de commercialisation de cette denrée de base qui tourne une page.