Détenteur exclusif des droits de retransmission télévision et radio des Coupes du monde de football 2002 et 2006, le groupe Kirch a cédé ces droits pour les Etats-Unis à Anschutz Soccer pour la retransmission en langue anglaise. En effet, le groupe de communication allemand Kirchmedia a annoncé jeudi avoir vendu les droits de télévision américains en langue anglaise pour les coupes du monde 2002 et 2006, ainsi que pour la coupe du monde féminine 2003, au groupe Anschutz Soccer. Filiale d'Anschutz Entertainment Group, propriété du milliardaire et fan de football Philip Anschutz, revendrait les droits aux chaînes américaines ABC et ESPN, toutes deux filiales du groupe de loisirs Walt Disney. Le montant de la transaction n'a pas été divulgué. Mais selon des sources industrielles, proche du dossier, Anschutz aurait payé 40 millions de dollars pour l'ensemble des droits. Kirch a acquis les droits mondiaux de retransmission TV de la coupe du monde 2002 en Corée du Sud et au Japon et de la coupe du monde 2006 en Allemagne pour un total de 1,7 milliard de dollars auprès de la FIFA. Le prix payé pour la retransmission de la coupe du monde aux Etats-Unis, où le football est moins populaire, fait pâle figure face aux 860 millions de dollars déboursés pour les droits de retransmission en Amérique du Sud. Concernant le budget Coupe du monde de la FIFA, en 1998, il prévoyait une rentrée d'environ 1 milliard de francs, soit 48% de l'ensemble des recettes. Mais dur dur d'y voir clair, car certains ont avancé d'autres chiffres comme 560 millions de francs, ce qui apparaissait dérisoire. De sources FIFA, la vente des droits télés de l'édition américaine de 1994, négociés en 1987, représentait déjà près de 900 millions de francs. Ce qui laissait déjà prévoir une inflation terrible pour les prochaines Coupes. Pour l'édition de 2006, le total des droits que verseront les chaînes, au premier rang desquelles le groupe a Kirch, atteint 8 milliard de francs. On est loin des 34 millions de dollars de 1978. Désormais, ces sommes sont comparables au PIB d'un pays africain peu avancé. Conséquences de cette explosion financière : devant ces sommes astronomiques, on risque d'assister à une instrumentalisation de l'événement. Le groupe qui acquiert les droits va tenter d'imposer des horaires de compétition favorables à ses retransmissions. Il pourrait aussi imposer des modifications de règles : en faisant adopter par exemple des quart-temps qui permettraient une rentabilisation maximale via une multiplication des écrans publicitaires. A l'instar de la chaîne NBC, aux Etats-Unis, qui saucissonne les matchs de football américain en 58 écrans. Pour le produit «Football Coupe du monde», en 1998, les chaînes françaises n'avaient payé que 48 millions de francs pour les 64 rencontres par le biais de l'Union européenne des radiodiffuseurs (UER). Le 16ème Mondial aura été une excellente affaire. Le match a été acheté à moins de 1 million l'unité quand une rencontre de Coupe d'Europe vaut de 4 à 7 millions de francs. L'espérance de gain pour la seule finale, affichée par TF1, était de 60 millions de francs dans l'hypothèse d'une présence des Bleus à ce niveau. Le spot de pub s'est négocié sur une base record de 1,5 million les trente secondes. TF1 qui avait investi 160 millions dans cette compétition, est largement rentrée dans ses frais. En 2002, la donne change puisque les télés françaises doivent verser 500 millions de francs de droits. Tout cela entraîne un impact sur le téléspectateur car il y aura une segmentation avec des matches en direct, exclusivement accessibles sur des réseaux payants, seules les rencontres de l'équipe nationale étant protégées et gratuites au nom du patrimoine commun. Sur les chaînes publiques, il n'y aura plus que des résumés ou des différés. La 16ème et dernière édition du siècle dernier de la Coupe du monde de football aura été l'ultime Coupe du pauvre.