L'ESBAC est devenue un espace d'échange culturel et de rencontres diverses. Abderrahman Rahoul, directeur de l'établissement, nous éclaire sur les enjeux d'un tel engagement. ALM : Vous venez d'accueillir des jeunes malades schizophrènes de l'Association Amali pour participer à un atelier de peinture. Parlez-nous de cet événement. Abderrahman Rahoul : En effet, l'Ecole supérieure des beaux-arts de Casablanca (ESBAC) vient de signer un partenariat avec l'association Amali. Cette initiative s'inscrit dans l'esprit d'ouverture de l'école à différentes activités associatives et au travail du bénévolat. Ainsi, dans le cadre des 6èmes Journées francophones de la schizophrénie, nous avons accueillis des jeunes malades schizophrènes en visite à l'école. Tout de suite, les étudiants se sont porté volontaires pour l'animation d'ateliers d'arts plastiques au profit de ces jeunes malades. Ce fut un après-midi très riche pour les deux parties. Peut-être verrons-nous la naissance de quelques talents cachés. En tous les cas, le partenariat se poursuit et chaque semaine, un étudiant ira animer des ateliers d'arts plastiques au sein même des locaux de l'association. Vous avez établi un projet de partenariat avec la Faculté de Ben M'sik. Où en est-il ? Le partenariat avance bon train. En effet, nous avons mis en place cette alternative pour permettre à nos étudiants d'avoir un Master en arts plastiques. Étant donné que le diplôme de l'école n'a pas l'équivalence d'une licence, ce partenariat permettra de palier à cette lacune. Nous avions déjà tenté d'obtenir cette équivalence, mais nous nous sommes heurtés à un problème de logistique. L'ESBAC dépend de la commune et non pas du ministère de l'Enseignement et ne peut donc pas obtenir cette équivalence. Pour la commune, il est hors de question de léguer l'école. Elle fait, aux côtés du Conservatoire municipal de musique, de danse et d'art dramatique, sa fierté et son identité culturelle. Pour revenir au partenariat, nous allons dans un premier temps y engager une dizaine d'élèves. Ils feront l'objet d'échanges culturels et d'études dont le volet théorique sera enseigné à la Faculté et le volet pratique à l'ESBAC. Si l'opération réussit, ils obtiendront un Master reconnu par les deux établissements. Et toutes les promotions, par la suite, pourront bénéficier de ce diplôme et n'auront plus que trois années d'études au lieu de quatre. Vous étiez étudiant à l'école et aujourd'hui vous y êtes professeur et directeur. L'ESBAC a-t-elle changé ? Effectivement, l'école a beaucoup changé. À l'époque où j'étais étudiant, l'école ne comptait qu'une cinquantaine d'élèves dont le tiers était des étrangers. Nous étions 5 à 10, au maximum, dans le même atelier. Aussi, la moitié des enseignants étaient français. Aujourd'hui, l'école draine plus de 140 élèves de tout le Maroc et le corps enseignant est à 100% marocain. Il est à noter, également, que l'école s'est beaucoup ouverte à l'extérieur et que ses activités ne cessent de se multiplier. J'aurais espéré pouvoir ratifier des partenariats avec des écoles d'art de l'étranger afin de permettre à mes élèves de voir ce qui se passe ailleurs. Cette fois-ci, c'est un problème de moyens financiers. Si je dois faire des échanges d'élèves, il faut que je puisse prendre en charge ceux qui vont venir au Maroc. Et ça, l'école ne peut pas se le permettre.