Sur 6.000 langues parlées sur la planète, 2.500 sont menacées de disparition, selon Atlas 2009 des langues en péril dans le monde. Au Maroc, huit langues au Maroc ont été jugées en «danger» par l'UNESCO. S'il existe actuellement 6.000 langues parlées dans le monde, 2.500 risquent de disparaître. Au Maroc, huit langues ont été jugées en «danger». C'est ce qu'indique l'UNESCO dans son Atlas 2009 des langues en péril dans le monde qui a été présenté à la veille de la Journée internationale de la langue maternelle (21 février). Ahmed Boukous, recteur de l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM) qui était présent lors de cette journée indique que : «cet Atlas a été le fruit des travaux d'une équipe de plus de 30 chercheurs linguistiques parmi lesquels figurait un Marocain. Cet universitaire a fourni toutes les informations nécessaires concernant les langues au Maroc». Et de poursuivre que : «l'IRCAM n'a pas participé à l'élaboration de ce rapport. Cela dit, plusieurs documents de l'Institut ont été remis à cette équipe de chercheurs». Selon M. Boukous, les langues peuvent être répertoriées selon trois niveaux: dominant, vulnérable et en danger. «Les langues dominantes ne souffrent d'aucun handicap c'est le cas de l'anglais, ou l'espagnol. Par contre, les langues dites vulnérables risquent de disparaître si elles ne sont pas consolidées et ce à travers leur usage dans l'éducation, les médias…» Parmi les langues en danger et qui sont devenues vulnérables, M. Boukous donne l'exemple de l'amazigh. «Avant 2001, l'amazigh était classé dans la catégorie des langues en danger. Avec la nouvelle politique linguistique qui a été mise en place dès 2001, celle-ci est à présent une langue vulnérable. Elle le restera tant qu'elle ne sera pas reconnue dans la Constitution marocaine». Parmi les huit langues en danger au Maroc, trois d'entre elles ont disparu. Il s'agit du judéo berbère, du tamazight de Aït Rouadi, et du senhaja de Srair. «A ces langues, il faut aussi ajouté le judéo amazigh qui est devenu une langue morte», relève le recteur de l'IRCAM. L'Atlas souligne que le judéo berbère était parlé dans les régions rurales du Haut et du Moyen-Atlas notamment dans la région de Ouarzazate, Boulemane Dadès, dans la vallée du Drâa entre Tiznit et Tafraout. Pour ce qui est du tamazight de Aït Rouadi appelé également le tamazight de Tunisie, celle-ci a totalement disparue. Près de 1600 personnes parlaient cette langue dans la région de Tadla Azilal. Quant à la troisième langue disparue, le senhaja de Srair, celle-ci était parlée dans le Nord du Royaume et plus précisément dans la région de Tarifit. Les quatre autres langues considérées en danger sont le tamazight de Béni Iznassen, le zénaga du Sahara, le figuig et le judéo-arabe marocain. Mais quels sont les facteurs qui expliquent la disparition des langues ? Plusieurs raisons expliquent cette situation. «La langue peut être mise en péril lorsque les parents ne la transmettent pas à leurs enfants. Il faut aussi relever l'émigration économique qui oblige de nombreuses personnes à quitter leur région ou leurs pays. Les facteurs psychologiques peuvent aussi constituer un facteur explicatif. Certaines personnes éprouvent une haine, un mépris envers leurs langues», conclut M. Boukous. Selon l'Atlas, les pays qui comptent le plus de langues en péril sont l'Inde avec 196 idiomes, les Etats-Unis (192), l'Indonésie (147), la Chine (144), le Mexique( 144) et la Russie (136).