En voulant supprimer le visa aux Marocains désireux de se rendre à Sebta, les autorités coloniales veulent sauver la ville occupée. Les autorités espagnoles élues de la ville marocaine occupée de Sebta ont demandé aux autorités centrales à Madrid de procéder à la suppression des visas pour les Marocains, toutes régions confondues, pour accéder à la ville. Par cette mesure «exceptionnelle», les responsables du préside occupé veulent lutter contre les effets de la crise économique dont souffre la ville. Depuis plusieurs mois, la situation au fameux centre commercial Tarajal est catastrophique. Les ventes de marchandises ont tellement chuté que les équilibres socioéconomiques de cette ville se sont déstabilisés. A titre de comparaison, un grossiste espagnol indique que son chiffre d'affaires mensuel n'atteint plus celui qu'il réalisait, il y a quelques années en une seule journée. Sebta, qui, jadis, figurait, impérativement, en chapitre à part, dans la stratégie commerciale de toute nouvelle entreprise industrielle, a totalement disparu de la liste des marchés prioritaires. Si, avant, il existait même des chaînes de production dédiées à fabriquer des produits spécifiques aux «normes marocaines », aujourd'hui, on est en train de les démonter. Cette situation n'est pas uniquement le résultat de la crise économique mondiale. En fait, l'ouverture économique rapide et bien gérée que le Maroc connaît depuis dix ans et la multiplication de l'investissement étranger ont vidé le modèle économique sebti de son sens. Vendre une marchandise sous-taxée et dont la qualité est trafiquée à des contrebandiers pour qu'ils l'écoulent sur le marché marocain est un système qui est en train de s'effondrer. La ville est donc en train de s'asphyxier. L'agonie a commencé avec le lancement de Tanger-Med et tout se terminera avec le démantèlement douanier. Sebta ne sera alors qu'une caserne militaire. Les civils, eux, sont déjà en train de partir vers la péninsule. L'idée de permettre à tous les Marocains d'accéder à la ville sans visa comporte plus de dangers que de bénéfices. Car, multiplier d'un seul coup le nombre de Marocains entrant chaque jour à Sebta fera certes le bonheur des commerçants de la ville, mais cela obligera, certainement, le Maroc à faire d'énormes efforts pour gérer l'opération surtout au moment du retour. Une gestion qui comporte l'aspect sécuritaire et douanier. Du côté de l'occupant, les recettes augmenteront, et du côté du Maroc, les charges se multiplieront. Une équation qui n'est pas dans l'intérêt du Maroc.