Le convoi humanitaire destiné aux Palestiniens de Gaza a franchi la frontière algéro-marocaine, fermée depuis quinze ans. Une parenthèse de quatre heures pour lever les barrières frontalières de Zouje Bghal dressées depuis 1994 entre le Maroc et l'Algérie. La noble cause d'aide humanitaire à Gaza est une aubaine pour couper l'herbe sous les pieds d'une fausse cause et pousser à la méditation de l'autre côté de la « ligne de démarcation». Pourtant, une clique officielle algérienne exécutait tous les hymnes de circonstance : banderoles, guirlandes de drapeaux… La frontière a été ouverte pour une matinée et hop dispersez-vous ! Le temps d'échanger quelques propos courtois de part et d'autre. Puis, au revoir. Le convoi continuera son chemin de gloire alors que la frontière redressera de nouveau ses barrières de honte. Les centaines de Marocains et d'Algériens qui se trouvaient à quelques mètres les uns des autres réunis dans un seul élan de solidarité doivent rebrousser chemin. Mais, un fâcheux incident a failli obliger la caravane à retourner sur ses pas lorsqu'un responsable algérien refusa le passage de certains participants au convoi. Ceux qui sont passés se sont solidarisés pour dénoncer la manœuvre. La frontière s'est refermée scindant le convoi en deux. Il a fallu l'intervention de quelques négociateurs pour permettre à l'ensemble de la chaîne humanitaire de continuer son périple. A Oujda, des milliers de personnes ont exprimé leur solidarité. «J'aurais aimé participer à cette chaîne de solidarité, mais je n'ai pas le droit de franchir la frontière», confia Ahmed Medraoui à ALM. De son côté, «une vieille femme à Rabat n'a pas hésité à nous donner ce qu'elle portait comme bijoux. Une autre, qui n'avait que quelques dirhams sur elle, a fait de même», a rapporté Adil Abdoullah, participant au convoi. Par ailleurs, des ressortissants marocains résidant en Angleterre ont contribué avec quatre fourgons chargés de vivre dans le cadre de la campagne menée par le député du New labour George Galloway. Sabah Al Mokhtar, vice-président de la caravane et doyen des avocats arabes à Londres, a nié tout malentendu avec les autorités marocaines. Il a affirmé que: «La Palestine est, pour les Arabes, une cause unificatrice. La symbolique est aujourd'hui palpable avec l'ouverture des frontières, ne serait-ce que pour une journée. Les fêtes instantanées organisées des deux côtés de la frontière doivent pousser tout un chacun à méditer et prendre la décision qui abonde dans le sens de l'histoire». Quant aux appréciations sur l'accueil réservé par le Maroc à «Viva Palestina» plusieurs volontaires ont confirmé que la traversée était exemplaire, ils étaient surpris par l'élan de solidarité. «Responsables locaux et citoyens nous ont démontré que le soutien au peuple palestinien est une constante chez les Marocains», ont–ils conclu.