Pour calmer la frustration et la colère qui menacent de transformer les Antilles en zones de non-droit, Nicolas Sarkozy est obligé de céder des concessions significatives sur les salaires et le pouvoir d'achat. Le sommet social qu'abrite aujourd'hui l'Elysée entre le gouvernement et les syndicats est la réponse apportée par Nicolas Sarkozy à la grande manifestation de protestation nationale organisée le 29 janvier. Devant les menaces proférées par les partenaires sociaux de réitérer l'exploit au risque de jeter le pays dans une spirale paralysante, le président de la République lors de son fameux « Face à la crise» télévisuel a été contraint de leur fixer un rendez-vous solennel pour mettre au point la grande négociation sociale destinée à calmer les angoisses et à apaiser les esprits. Quand Nicolas Sarkozy avait fixé ce grand rendez-vous, la Guadeloupe en particulier et les Antilles en général, n'étaient pas encore ce chaudron de la contestation et du blocage social. La situation s'est détériorée au fil de l'autisme hexagonal, à tel point que l'opposition socialiste et l'extrême gauche d'Olivier Besancenot ont trouvé opportun de chevaucher la vague antillaise dans le but manifeste d'exercer une pression supplémentaire sur le gouvernement. Le cafouillage gouvernemental avec les allers-retours tardifs et les annonces contradictoires du secrétaire d'Etat à l'Outre-mer Yve Jégo, ont renforcé cette impression de panique qui s'est emparée de l'exécutif. D'ailleurs, Nicolas Sarkozy s'est vite trouvé englué dans les sables mouvants des Antilles : pour calmer la frustration et la colère qui menacent de transformer ces territoires en zones de non-droit, il est obligé de céder des concessions significatives sur les salaires et le pouvoir d'achat. Les syndicats de l'Hexagone sont en embuscade. Tout ce qui aura été cédé pour éteindre le feu des Antilles sera bon à prendre pour remonter le moral en berne de millions de ménages français atteints de plein fouet par le crise. Et c'est de cette manière que la Guadeloupe s'est transformée malgré elle en terrain laboratoire d'un bras de fer social entre Nicolas Sarkozy et les centrales syndicales, la première place courue par les mulitiples symboles de l'opposition pour montrer sa détermination à contester les choix du gouvernement Au plus fort de cette crise guadeloupéenne et avant le sommet de l'Elysée, l'étoile du Premier ministre a brillé de nouveau. L'esprit de la cinquième République reprend son droit. Le Premier ministre est là pour encaisser les coups et servir de fusible. Sur le thème, le président ne peut être partout et tout faire, François Fillon est mis en avant dans cette crise des Antilles. Il prend sur lui de désavouer Yves Jégo, le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer et ses promesses jugées incongrues d'augmenter les salaires, c'encore lui qui formule de nouvelles propositions au risque de se voir accusé par le collectif qui encadre la contestation en Guadeloupe de se livrer à «des opérations de communication». Mais François Fillon n'eut les lumières de la responsabilité que l'espace de quelques éditions de journaux, la nature de l'hyper présidence ayant fini par prendre le dessus. Les regards sont désormais braqués sur Nicolas Sarkozy qui s'apprête à recevoir jeudi les élus de l'Outre-mer, pour voir comment l'homme va pouvoir négocier ce virage tendu. Même sous une pression sociale inédite, l'opposition socialiste continue de pilonner Nicolas Sarkozy. Laurent Fabius, qui commence à se spécialiser dans la mission de démystifier la gouvernance Sarkozy, n'a pas de formules assez dures pour crucifier le président: «Je suis frappé et surpris qu'il n'essaie même pas de nouer un dialogue politique ni de considérer avec un minimum d'intérêt les propositions de l'opposition…Tout remonte à l'Elysée. C'est l'ego présidence (…) Et Nicolas Sarkozy, avec son style particulier, ajoute le conflit à la crise». L'enjeu de sommet social à l'Elysée pour Nicolas Sarkozy est de pouvoir satisfaire les syndicats sans céder sur l'essentiel. Le face-à-face s'annonce tendu. Tandis que les partenaires sociaux parlaient emploi et pouvoir d'achat, l'Elysée leur oppose baisse d'impôts sur le revenu. Et à Laurent Fabius de rappeler cette réalité comptable : «les 15 millions de foyers les plus pauvres qui ne paient pas l'impôt sur le revenu seront exclus de ce dispositif».