Renaud Muselier fait partie de ces personnalisés haut en couleur que le grand sud français produit de temps en temps. C'est en plein fracas des armes israéliennes contre la bande de Gaza et son cortège d'insoutenables images, en plein agitation diplomatique internationale pour faire taire les bruits et les fureurs et en plein remaniement ministériel et son supposé savant jeu de chaises musical que Nicolas Sarkozy a décidé de nommer Renaud Muselier président du conseil culturel de l'Union pour la Méditerranée. Renaud Muselier est député UMP des Bouches-du-Rhône. La nomination fut par décret présidentiel mais ne fut annoncée ni par l'Elysée ni par le ministère des Affaires étrangères, ni par le secrétariat de l'UPM, mais par la mairie de Marseille dont Renaud Muselier ambitionne un jour de prendre les rênes et de succéder au truculent Jean-Claude Gaudin. C'est en novembre dernier que Nicolas Sarkozy avait confié à Renaud Muselier le soin de créer ce «conseil culturel» qui devra avoir pour vocation de susciter toutes initiatives publiques et privées ayant pour objet le développement de la dimension culturelle de la politique méditerranéenne de la France, notamment dans le cadre de l'UPM, (…) d'harmoniser les actions menées par la France dans ce domaine (et) mobiliser toutes les forces vives de la Méditerranée au service du projet «Marseille Provence 2013, capitale européenne de la culture». Renaud Muselier fait partie de ces personnalisés haut en couleur que le grand sud français produit de temps en temps. Avec son accent à couper une motte de beurre congelée, sa bouille rieuse de vieux beau gosse amateur de galéjades qui porte bien sa cinquantaine bien remplie. Sa grande visibilité politique au niveau national, il l'a eue lorsqu'il fut nommé secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères auprès du ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Raffarin entre 2002 et 2005. Son ministre de tutelle de l'époque fut le flamboyant Dominique de Villepin. Renaud Muselier eut des difficultés à exister et à s'épanouir. Reflétant son spleen revendiqué et son amertume affichée en bandoulière, il eut cette terrible phrase en forme de boutade : «Il fait tout je fais le reste». Il est vrai que son passage au Quai d'Orsay ne laissa pas de traces indélébiles à part quelques missions ingrates et quelques longs et épuisants voyages de représentation. Faut-il dater de cette période la grande histoire d'amour et d'admiration politique qui allait commencer entre le futur président de la République et Renaud Muselier et qui allait autoriser la presse à lui donner ce qualificatif flatteur du «Marseillais de Sarkozy» ? Mais alors pour quelle raison Nicolas Sarkozy ne l'a-t-il pas choisi pour faire partie de son casting gouvernemental ? La vérité annoncée publiquement par Renaud Muselier est qu'il avait lui-même refusé l'offre que lui a faite François Fillon au lendemain des élections municipales de mars 2008 pour se consacrer davantage à la ville de Marseille et à sa communauté urbaine. Renaud Muselier crie à la trahison de ses propres troupes lorsqu'en avril 2008, il perd la présidence de la communauté urbaine de Marseille que dirigea Jean-Claude Gaudin au profit du socialiste Eugène Casselli élu avec 79 voix contre 77. En préférant la ville de Marseille au gouvernement, la désillusion fut totale pour Renaud Muselier qui fut pourtant considéré comme le vrai artisan de la réélection de Jean-Claude Gaudin à la mairie de Marseille. C'est dans ce contexte qu'il faut considérer la présidence du conseil culturel de l'UPM comme un lot de consolations donné par Nicolas Sarkozy à un fidele qui a raté le timing de son redéploiement politique et qui se trouve dans le besoin de visibilité médiatique. Faut-il préciser qu'il n'y a pas encore eu de réactions de la part des pays impliqués dans l'UPM à cette nomination. Par ces temps de guerre israélienne contre Gaza, les rares réactions qui évoquent l'UPM venant des pays du Maghreb demandent aux pays arabes de boycotter l'UPM comme l'avait fait un parti d'opposition tunisien «l'Union démocratique unioniste» ou des éditoriaux dithyrambiques dans la presse algérienne qui accusent Israël de saborder l'UPM.