À l'heure où plusieurs pays marquent tous les deux ans l'actualité artistique par une biennale des arts, le Maroc ne tient pas à se faire remarquer dans ce domaine-là. La biennale est une manifestation culturelle qui a lieu tous les deux ans. Cette manifestation n'est pas propre aux arts plastiques, puisqu'il existe des biennales de danse, de chanson, de musique, etc. Mais ce sont les biennales se rapportant aux arts plastiques qui constituent un événement culturel important dans plusieurs villes du monde. Les organisateurs des biennales proposent généralement aux artistes un thème pour leurs réalisations. Des prix récompensent, lors de chaque édition, les artistes les plus innovateurs. La biennale est un puissant outil de promotion des arts plastiques dans les pays organisateurs. Elle crée un climat de nature à stimuler les artistes. Ces derniers pourront confronter leurs œuvres avec celles de plasticiens venus d'ailleurs. Ils sont ainsi régulièrement plongés dans un bain plastique vivifiant. Plusieurs pays ont compris que le meilleur moyen de promouvoir les arts, de contribuer activement au rayonnement culturel d'une nation consiste à institutionnaliser une biennale des arts. Au demeurant, l'organisation de cette manifestation est plus affaire de volonté que de moyens financiers. Les pays du Sud organisent des biennales. Il suffit de citer la biennale du Caire, celle d'Alexandrie, celle de Dacca (Bangladesh) à laquelle participent actuellement les peintres marocains Bouchta El Hayani et Mostafa Boujemaoui, ou encore la biennale de Dakar qui constitue un événement culturel important en Afrique. De ce point de vue, on peut s'étonner qu'un pays comme le Maroc n'ait pas encore songé à la création d'une biennale de l'art contemporain.La situation géographique de notre pays le rend pourtant particulièrement apte à l'organisation d'un tel événement. Il peut en effet tirer parti de son voisinage de l'Europe. On peut imaginer au début la création d'une biennale méditerranéenne qui peut vite devenir internationale. Les espaces, que ce soit à Rabat ou à Casablanca, ne manquent pas pour accueillir les œuvres des exposants. Les sites répartis à l'intérieur la ville, y compris dans des endroits où l'on ne montre guère d'œuvres d'art, imprimeront l'événement dans des lieux différents. Les gens verront, circuleront dans une ville jalonnée de réalisations artistiques, rencontreront l'art dans la rue. Au reste, une biennale quand elle est organisée par des professionnels, attire des touristes. Ses retombées économiques ne sont donc pas négligeables. À un moment où tout le monde se mobilise pour attirer un nombre croissant de visiteurs dans notre pays, il faut aussi compter avec les touristes qui viennent pour des événements de cette envergure-là. Au-delà des incidences économiques, c'est le rayonnement culturel d'un pays que l'on vise en institutionnalisant une biennale. Cette manifestation a pour but d'établir des contacts avec la scène internationale et d'ancrer dans les habitudes cette idée chère aux artistes marocains : l'art contemporain joue un rôle important dans l'échange entre les cultures. Le Maroc qui occupe une place de choix dans le domaine des arts plastiques ne peut se priver plus longtemps d'une manifestation qui a imposé plusieurs pays dans le paysage plastique international.