Le gouverneur de Bank Al-Maghrib appelle à la vigilance face à la crise internationale, en dépit des mesures entreprises par le gouvernement pour limiter l'impact négatif de cette crise sur l'économie nationale. «Il faut rester très vigilant, car il y a encore beaucoup de points d'interrogation sur cette crise», c'est le message essentiel qu'a voulu passer Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al- Maghrib lors d'une conférence de presse organisée jeudi 25 décembre, à Rabat. M. Jouahri a précisé au cours de cette rencontre que les efforts consentis par le gouvernement pour limiter l'impact négatif de la crise financière internationale sur l'économie nationale «vont dans le bon sens». Toutes les mesures qui ont été prises par le gouvernement pour le secteur du tourisme, la classe moyenne, les PME, l'habitat social et le moyen standing, en plus de l'effort de la Caisse de compensation, doivent être coordonnées au niveau sectoriel et avec la Banque centrale, estime le gouverneur de la banque centrale. Le Maroc ne manque pas de confiance entre les institutions bancaires ni des difficultés de financement de l'économie. Bank Al- Maghrib intervient comme il le faut pour mettre sur le marché les liquidités nécessaires à l'activité économique, afin que le taux interbancaire soit très près de son taux directeur, a assuré M. Jouahri. Durant les deux premiers semestres de l'année 2008, Bank Al-Maghrib a intervenu sur le marché monétaire avec un total hebdomadaire de 8 milliards de dirhams. Les injections de liquidité ont doublé durant le dernier trimestre 2008 pour s'élever à 16 milliards de dirhams par semaine, a-t-il précisé. Il n'y a pas d'éléments maintenant qui démontrent que la crise a touché l'économie nationale, sauf quelques secteurs en relation directe avec la demande extérieure, comme l'habitat haut standing. Il n'y a pas de crise de liquidité, ni de restrictions au niveau de l'octroi de crédits à l'économie. «Bank Al-Maghrib alimente le marché de façon importante», a-t-il poursuivi. Les crédits bancaires ont connu à fin novembre une augmentation remarquable qui est de 26 %, après l'accroissement de 29 % de 2007, «une année exceptionnelle au niveau de l'activité crédit», a noté M. Jouahri. En effet, cette augmentation a touché toutes les catégories de crédits. Il s'agit en fait des crédits d'équipement, crédit de trésorerie, crédit à la consommation, crédit immobilier, etc. Pour la croissance de l'économie nationale, M.Jouahri a indiqué qu'elle serait en 2008 au de 6 et 7 %. Elle sera tirée par le secteur agricole ainsi que par les secteurs non-agricoles. Le gouverneur de Bank Al-Maghrib a mis l'accent aussi sur la soutenabilité du déficit budgétaire, qui atteindrait cette année environ 1,3 %. De même, la décélération du taux d'inflation se situerait autour de 3,9 %, suite essentiellement au recul des cours des produits de base importés. M. Jouahri table en 2009 sur un taux de croissance variant entre 5 et 5,5 %. «Le récent rapport de la Banque mondiale sur les pays du Maghreb place le Maroc dans une position très favorable au niveau de la croissance. Le déficit budgétaire restera dans des normes acceptables avec un peu moins de 3 %, tout comme le solde de la balance des paiements avec -2 ou -2,5 %», a conclu M. Jouahri.