Des militaires ont pris mardi le contrôle des mines de minéraux en Guinée et ont reconnu un coup d'Etat, après la mort du président guinéen Lansana Conté. «Cette prise du pouvoir constitue une violation flagrante de la Constitution guinéenne, qui, dans le cas d'espèce, prévoit que l'intérim est assuré par le président de l'Assemblée nationale», a réagi mardi dans un communiqué Jean Ping, le président de la Commission de l'Union africaine, depuis Addis Abéba. L'Union africaine prévoit une réunion rapide du Conseil de paix et de sécurité pour examiner la situation. La crise guinéenne laisse craindre une flambée de violences dans un pays qui compte 10 millions d'habitants, alors que ses voisins, la Sierra Leone, la Côte d'Ivoire et le Libéria sont sortis dévastés par plusieurs années de guerre civile. Le chef de l'état-major des armées, le général Diarra Camara, a expliqué que les motifs des dirigeants qui ont pris le pouvoir n'étaient pas clairs. «Je pense qu'ils sont une minorité. Ils ne sont pas suivis par le reste de l'armée pour le moment. Je ne connais pas leurs véritables objectifs», a-t-il déclaré à France 24, la chaîne de télévision française d'information internationale. Nul successeur à Lansana Conté ne sera légitime sans élections, a expliqué Richard Moncrieff, directeur du projet Afrique de l'Ouest à l'ONG International Crisis Group. Un groupe, se faisant appelé le Conseil national pour la Démocratie, avait annoncé mardi un putsch à la radio et à la tv, quelques heures seulement après la nouvelle du décès du dictateur, après 24 ans de pouvoir sans partage dans ce petit pays d'Afrique de l'Ouest. La Guinée est un pays riche en minerais, fer, or et diamants. Plus gros producteur mondial de bauxite, une matière première qui entre dans la composition de l'aluminium, la Guinée fournit la moitié de la production mondiale, mais reste l'un des pays les plus pauvres d'Afrique. En jeu également, selon certains experts, les ressources fluviales de la Guinée, elles pourraient produire assez d'électricité pour fournir toute la région de l'Ouest africain. Lansana Conté comptait parmi lesdits «hommes forts d'Afrique» (les «Africa's Big Men») encore en place, arrivés au pouvoir par les armes et ayant résisté à la vague de démocratisation du continent. Encore dans le groupe, le président du Gabon Omar Bongo, qui a pris le pouvoir en 1967 et le président du Zimbabwe Robert Mugabe, en place depuis l'indépendance de son pays en 1980.