Selon une étude de Transparency International, le système judiciaire marocain est le plus corrompu. 67% des hommes d'affaires marocains considèrent que l'action du gouvernement dans la lutte contre la corruption est inefficace. Le système judiciaire figure en tête de liste des secteurs les plus corrompus au Maroc. Avec une note de 3,6 sur 5, la justice est suivie par la police (3,4 points), les partis politiques, la douane (3,1 points), les services médicaux (3 points), les impôts (2,9 points), le Parlement (2,8 points). Les secteurs les moins corrompus sont les ONG (1,9 point), les institutions religieuses et les services utilitaires (1,8 point). Dans les pays du Moyen-Orient, c'est la police qui est la plus corrompue avec une note de 4 sur 5. Ces chiffres ont été rendus publics lors d'une rencontre organisée par Transparency Maroc le vendredi 12 décembre à Rabat à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre la corruption. L'ONG a également présenté les résultats d'une étude réalisée par des agences pour Transparency International sur l'indice de corruption de pays exportateurs (ICPE 2008). Celle-ci a concerné 22 pays et a ciblé 2700 chefs d'entreprises dont 100 hommes d'affaires marocains. Sur ces 100 personnes interrogées, 28% ont reconnu l'octroi de pots-de-vin aux hommes politiques situés à un niveau élevé de la hiérarchie. 46% ont affirmé que la corruption touche des agents publics en bas de la hiérarchie. Une pratique très courante pour accélérer et faciliter les procédures. Enfin, 33% ont confirmé l'usage des relations personnelles dans l'obtention de contrats. Notons que 67% d'hommes d'affaires interrogés considère que l'action du gouvernement dans la lutte contre la corruption est inefficace. Cette étude a relevé que les pays exportateurs les plus corrompus sont la Russie (22ème place) suivie de la Chine (21ème), le Mexique (20ème), l'Inde (19ème) et le Brésil (17ème). Parmi les pays les moins corrompus, figurent au premier rang la Belgique et le Canada. Par ailleurs, un Centre d'assistance et de conseil juridique (CAJAC) est sur le point d'être mis en place par Transparency Maroc. «La création de cette structure est en cours et ce grâce au soutien financier de Transparency International», indique Ali Lahlou, directeur de l'Observatoire national de la corruption. Ce centre sera créé selon un modèle qui a déjà fait ses preuves dans une vingtaine de pays à travers le monde, notamment en Amérique latine et en Europe orientale. Le CAJAC vise à fournir aux citoyens une assistance et un conseil juridiques pour la bonne fin des procédures dans lesquelles les citoyens pensent être l'objet de sollicitation de corruption. Des mécanismes de réception des plaintes (ligne téléphonique, site Internet, mail, courriel) seront mis en place. Ce centre a également pour mission de recueillir, classer et examiner les plaintes portant sur la corruption. Cette structure sera animée par une équipe professionnelle constituée de juristes bénévoles et d'agents professionnels. Ces derniers seront chargés de traiter les plaintes et orienteront les plaignants vers les voies de recours et les services concernés. Lors de cette rencontre, il a également été procédé à la présentation des activités de l'Observatoire national de lutte contre la corruption pour 2008-2009. Parmi celles-ci figurent la collecte des informations sur la corruption et la bonne gouvernance, la production de revues de presse hebdomadaires ainsi que l'élaboration d'un rapport d'évaluation de l'état de la corruption au Maroc. L'ONG a également publié un guide destiné aux victimes de la corruption. Ce document renferme des renseignements pratiques sur les procédures administratives les plus courantes ainsi que des adresses utiles pour acheminer les réclamations tant aux services responsables qu'aux instances d'assistance et d'appui.