Suite à l'arrestation de deux Marocains au cours de cette semaine en Italie, la question du recrutement terroriste revient en force. L'islamologue Said Lakhal apporte son éclairage sur les procédés que déploient ces recruteurs dans leur mission. ALM : Est-ce que le Maroc est devenu un terrain fertile pour les agents recruteurs de l'internationale terroriste ? Said Lakhal : Assurément, le Maroc dispose de très importantes infrastructures pour que les extrémistes diffusent leurs croyances. En effet, l'Etat, dans le cadre de son combat idéologique, avait essayé de protéger des mouvements et courants religieux extrémistes pour faire face, entre autres, à l'extension communiste. Par la suite, l'Etat a soutenu des courants salafistes, telle que la doctrine ouahhabite pour combattre le chiïsme, surtout après le succès réalisé par la révolution islamique en Iran. En plus du front qui a été ouvert pour mettre un terme aux croyances soufistes du mouvement d'Al Adl Wal Ihssane. Les salafistes extrémistes ont profité de cette conjoncture pour fonder des écoles coraniques et élargir le champ de leurs activités dans les mosquées et la diffusion de leurs idéologies extrémistes à travers la distribution des cassettes, CD et livres. Par ailleurs, l'atmosphère démocratique relative dont jouit notre pays leur permet d'exercer librement leurs activités. Pourquoi le Maroc est-il devenu la cible de ces recruteurs ? Sans aucun doute, le terrain fertile qu'a préparé l'Etat dans une étape historique bien déterminée, la guerre froide, l'ouverture enregistrée sur les plans politique, idéologique et sur la question des droits de l'Homme, sont des facteurs qui ont fait du Maroc une cible directe des recruteurs au terrorisme. En outre, la proximité du Maroc de l'Europe facilite le déplacement des personnes ciblées par le recrutement. En effet, l'Europe constitue une source financière importante pour les extrémistes, ainsi qu'un espace vital de leur déplacement grâce aux libertés et lois appliquées. Abou Qatada, par exemple, incite de mener des combats contre les Britanniques et dicte des fatwas encourageant le «Djihad». Il présente par ces actes des menaces au pouvoir britannique, sans que les autorités en Grande-Bretagne parviennent à l'arrêter et le rapatrier dans son pays d'origine. Actuellement, nos provinces de Sud constituant un espace propice pour les extrémistes en vue d'instaurer des zones stratégiques leur permettant de planifier des opérations terroristes en Nord d'Afrique et en Europe. Quels sont les facteurs qui facilitent les missions de recrutement ? Plusieurs facteurs facilitent le travail des extrémistes, notamment la transmission de la culture extrémiste à travers plusieurs moyens, comme les mosquées et les prêches du vendredi. Aussi, les conditions de vie de certaines personnes marginalisées s'ajoutent à ces éléments. Les courants extrémistes ciblent les jeunes démunis en leur offrant des ressources financières dérisoires, et en profitent pour exécuter leurs plans dévastateurs. Mais la propagande du «fiqh tachadod» reste le facteur le plus dangereux permettant de drainer de nouveaux disciples et semer la haine dans leurs âmes. Comment se fait le recrutement au Maroc ? Il se trouve des moyens diversifiés pour convaincre les gens à adhérer à l'idéologie extrémiste. Des enquêtes ont démontré que plusieurs personnes sont devenues extrémistes en fréquentant des mosquées bien déterminées, ou en nouant des relations d'amitié avec des groupes islamistes pour les encourager à accepter l'idéologie extrémiste. Le recrutement se fait, surtout, sur la base de la situation psychologique et sociale.