L'activisme croissant des étudiants marocains d'origine sahraouie remet sur le tapis la question de leur instrumentalisation par le Polisario. Mohamed Talib, membre du Corcas, dénonce une manipulation séparatiste flagrante. ALM : Dimanche dernier, une cinquantaine d'étudiants marocains d'origine sahraouie ont été interpellés en possession d'armes à Casablanca. Mardi, d'autres ont causé un désordre total à la gare d'Agadir. Qu'est-ce qui explique à votre avis cette escalade ? Mohamed Talib : Cette escalade ne relève vraiment pas d'un activisme à cent pour cent politique. Ces actes ne sont pas à isoler du contexte estudiantin global marqué par des tensions tantôt d'ordre identitaire (amazighité), tantôt d'ordre islamiste (intégrisme) … L'université cristallise toutes les sensibilités qui traversent la société, il est donc naturel qu'elle soit le lieu d'expression par excellence des divergences idéelles et idéologiques. Maintenant, le problème est que ces mouvements qui traversent l'université ne sont pas encadrés. Il y a lieu d'enregistrer une absence flagrante des partis politiques, pour ne citer que ces derniers. On a besoin d'une structure comme l'UNEM pour accompagner et gérer les différents points de vue. Ne pensez-vous pas qu'il y a un lien entre l'incident d'Agadir et ce qui s'est passé à Casablanca ? Les deux incidents sont différents. En ce qui concerne ce qui s'est passé dimanche dernier à Casablanca, on est face à la divergence de points de vue entre deux groupes d'étudiants marocains d'origine sahraouie ayant des convictions différentes quant à la question du Sahara. Les étudiants venus à Casablanca en provenance des universités de Marrakech, Agadir, Settat et Rabat épousent en quelque sorte la thèse séparatiste. Reste, la question sur le motif de leur agissement. Ils se sont, peut-être, sentis concurrencés par leurs collègues résidant à Casablanca, q'ils projetaient d'agresser pour la simple raison qu'ils voient l'avenir autrement. A l'évidence, cela n'a pas été du goût de leurs collègues sympathisant avec la thèse du Polisario. Ce dernier a profité de l'occasion pour donner ses ordres à quelques groupuscules pour semer la pagaille au sein des universités et dans le seul but de déstabiliser la région. En ce qui concerne l'incident d'Agadir, je tiens d'abord à présenter mes condoléances aux familles des deux victimes écrasées par un autocar. Cet incident est intervenu dans un autre contexte, en l'occurrence la préparation des étudiants à regagner leurs villes en vue de partager avec leurs familles la fête du Sacrifice. Les étudiants marocains d'origine sahraouie bénéficient de réquisitions de transport gratuit. Ils bénéficient également, et sans exception, des bourses octroyées par l'Etat et qui sont de l'ordre de 1750 dirhams. Ils ont, par ailleurs, droit d'accès au troisième cycle sans être obligés de passer un concours. On pourrait allonger la liste des prérogatives dont ces étudiants profitent, mais abrégeons. Mardi dernier, ils ont afflué en grand nombre vers la gare routière d'Agadir, au même titre que leurs compatriotes originaires d'autres régions du Royaume. Cette affluence a engendré une forte pression sur la gare. La présence parmi les victimes d'un jeune étudiant pro-séparatiste n'explique-t-elle pas cet incident ? Les deux jeunes étudiants regrettés sont victimes d'une manipulation de la part du Polisario qui, malheureusement, exploite tout mouvement social, à des fins de propagande politicienne. Le Polisario pousse le cynisme parfois jusqu'à considérer un simple accident de la circulation comme étant une liquidation physique à l'encontre d'un citoyen marocain d'origine sahraouie. Le Polisario qui se livre à ce jeu de massacre pousse encore l'hypocrisie plus loin en déclarant solidarité, voire des journées de deuil à la mémoire des victimes manipulées. C'est tout simplement ignoble.