Le secrétaire général de la Fédération démocratique du travail, Abderrahman Azzouzi, identifie les causes de blocage du dialogue social et affirme que la loi de Finances 2009 n'est pas à la hauteur des attentes de la classe ouvrière. ALM : Des informations font état de blocage du processus de dialogue social. Qu'est-ce qui bloque, donc, l'aboutissement de ce processus ? Abderrahman Azzouzi : Le processus du dialogue social mené par le gouvernement avec les partenaires sociaux n'est pas à la hauteur de nos ambitions. À travers les différentes réunions tenues, nous avons noté parfois l'absence du gouvernement, parfois celle du patronat. Nous étions alors obligés à maintes reprises de reporter ces réunions. En plus, les commissions de travail qui ont été créées pour suivre ce processus et évaluer l'avancée du dialogue social dans les secteurs privé et public ont été confrontées à plusieurs obstacles. Ces différents problèmes ne peuvent pas nous amener à enregistrer des résultats concrets. Conscients de cette problématique, nous avons adressé une lettre au Premier ministre Abbas El Fassi pour intervenir et redresser la situation. Mais en vain. Et jusqu'à présent, nous n'avons pas enregistré de résultats satisfaisants. Nous avons également adressé une lettre au ministre délégué à la Modernisation des secteurs publics, Mohamed Abbou, pour tenir une réunion et évaluer le travail dans le secteur privé. Et ce, dans une tentative de sortir de la stagnation le processus du dialogue social. L'ordre du jour proposé par le gouvernement n'a pas été du goût des centrales syndicales, d'autant plus qu'il exclut la question litigieuse des augmentations des salaires. Contestez-vous toujours cet ordre du jour ? Il faut noter que nous avons toujours soulevé ce point. En tant que centrale syndicale, nous avons fait de l'amélioration des revenus de la classe ouvrière ainsi que de la question de la promotion urgente notre cheval de bataille. Nous sommes convaincus que l'augmentation des salaires s'est faite parallèlement à un renchérissement du coût de la vie, incarnée par la flambée des cours de pétrole et la hausse des prix des produits de consommation, ce qui nous ramène à la case départ. Nous avons présenté plusieurs dossiers mais le gouvernement El Fassi ne les prend pas tous en considération. Pourtant, le Premier ministre avait affirmé que tous les points proposés doivent être débattus. Il y a des dossiers qui constituent la priorité plus que d'autres. Mais ce qui compte pour nous, c'est que l'amélioration des revenus et la promotion urgente soient prises en considération. Nous ne pouvons pas accepter par exemple que le gouvernement El Fassi néglige le dossier de la promotion urgente qui traîne depuis 2003. Nous avons également appelé à revoir la loi régissant les centrales syndicales, surtout le point lié à la question de la représentativité. Quant à la date de la prochaine réunion avec le gouvernement, il n'y a pas de nouveauté à ce sujet et nous n'avons pas encore fixé de date pour la tenir. Nous nous contentons des réunions des commissions relevant des secteurs privé et public. La loi de Finances 2009 met le social au cœur de ses priorités. Qu'en pensez-vous ? Au lendemain de l'adoption du projet de loi de Finances 2009, tout le monde s'est précipité et a annoncé que le Budget 2009 a une orientation sociale. Et que le gouvernement El Fassi a consacré environ 53% du budget de l'année prochaine aux secteurs sociaux. C'est vrai que le budget consacré aux secteurs sociaux a progressé de 12 milliards de dirhams. Mais la question qui reste posée est la suivante : La classe ouvrière profitera-t-elle de cette augmentation ? À part la baisse de l'Impôt général sur le revenu (IGR), il n'y a rien à signaler.