Confronté à l'aggravation de la crise financière, Axa a été contraint d'abaisser sa prévision de résultat opérationnel 2008 et a déclaré que ses objectifs financiers de long terme n'étaient plus d'actualité. Le groupe d'assurance a annoncé mardi qu'il tablait désormais sur un résultat opérationnel compris entre 3,6 et 4,0 milliards d'euros cette année, alors qu'il avait dit anticiper, en août dernier, un résultat stable par rapport aux 4,9 milliards de 2007 à condition toutefois que les marchés financiers se stabilisent. Le groupe a également indiqué que la chute des marchés rendait «de plus en plus obsolètes» les hypothèses qui sous-tendaient son plan stratégique de long terme 2004-2012, durant lequel il comptait doubler son chiffre d'affaires et tripler son résultat opérationnel par action. Henri de Castries, président du directoire d'Axa, a déclaré à Reuters, lors d'une interview téléphonique, que le groupe ne se fixait pas, pour l'instant, de nouveaux objectifs de long terme et qu'il le ferait dès que le marché se stabiliserait. Il a précisé que les aspects industriels et commerciaux du plan stratégique étaient maintenus et que «les efforts visant à améliorer la productivité et la situation compétitive du groupe n'avaient pas de raisons d'être remis en cause». «Le monde est dans une situation de crise financière qui n'a pas beaucoup de précédent mais le groupe reste profitable, dans des circonstances de marché extrêmes», a-t-il tenu à souligner. Pour 2009, Henri de Castries estime que les activités d'assurance dommage du groupe devraient «rester bonnes, même si la crise pourrait «marginalement» les affecter. En assurance vie et gestion d'actifs, la chute des marchés aura un impact sur la profitabilité, le niveau des commissions perçues étant réduit par la baisse des bases d'actifs gérés. «A l'inverse, un certain nombre d'éléments négatifs exceptionnels qui ont affecté 2008 ne devraient pas se reproduire», a ajouté Henri de Castries, faisant notamment allusion à l'effondrement des marchés d'actions. Le président du directoire d'Axa se veut cependant confiant dans les perspectives des activités vie-épargne-retraite qui restent, selon lui, «un secteur de croissance car le besoin d'épargne n'est pas réduit par la crise». Pour protéger sa rentabilité, le groupe d'assurance entend mettre l'accent sur la gestion des risques, notamment sur la couverture des produits de «variable annuities» qui a coûté au groupe entre 500 et 600 millions d'euros, et sur la maîtrise de ses dépenses, plus particulièrement en gestion d'actifs et en assurance vie. Axa assure par ailleurs que son bilan reste solide, avec une marge de solvabilité d'environ 135% (ratio Solvabilité 1 à fin octobre 2008) lui donnant «la capacité d'absorber d'autres chocs de marchés». Henri de Castries a précisé qu'Axa n'avait «pas besoin de faire d'augmentation de capital pour augmenter sa solvabilité malgré le niveau de marché très déprimé d'aujourd'hui». Interrogé sur les possibles acquisitions, Henri de Castries qui avait affirmé que la crise créerait des opportunités, et avait notamment évoqué un intérêt pour certains actifs d'AIG aux Etats-Unis et en Asie, s'est refusé mardi à tout commentaire, se contentant de réaffirmer que la politique d'Axa en la matière demeurait de réaliser des opérations relutives sur le résultat.