Lionel Jospin avait disparu du radar de l'actualité depuis sa démission fracassante de la scène politique après son échec à la présidentielle devant Jacques Chirac. Avec sa crinière blanchâtre sur une tête reconnaissable entre mille, des lunettes rondes sur des yeux constamment éberlués, un sourire timide que rien ne distingue, quand il se révèle, d'un méchant rictus, Lionel Jospin ancien Premier ministre français a fait un retour remarqué sur deux fronts principaux : la gestion de Nicolas Sarkozy des effets de la crise financière mondiale et les grandes manœuvres socialistes avant le congrès de Reims pour designer un successeur à François Hollande. Lionel Jospin avait disparu du radar de l'actualité depuis sa démission fracassante de la scène politique après son échec à la présidentielle devant Jacques Chirac et après avoir été évincé du second tour par le leader du Front national Jean-Marie Le Pen. Ses nombreuses tentatives ratées pour s'imposer de nouveau à la tête des socialistes n'ont fait qu'accentuer son isolement et rendu sa parole rare. Aujourd'hui, il est sorti de sa retraite et du silence qu'il s'était imposé pour jeter un regard critique sur l'actualité. Pour lui, Nicolas Sarkozy est plus qu'une poupée vaudou, c'est une cible de choix sur laquelle il essaie d'étaler la profondeur de ses convictions et de son savoir faire inutilisé. Après avoir raillé son idée de créer un fonds souverain : «Nous nous avons une dette souveraine et je ne vois pas comment avec une dette souveraine, on ferait un fonds souverain». Il fustige sa manière jugée cavalière de se comporter avec ses partenaires européens : «Quand tout d'un coup, Nicolas Sarkozy dit : «il faudrait aller au-delà de la présidence française (de l'UE) et me confier la présidence de l'Eurogroupe» alors que dans quelques semaines, deux courts mois, la présidence va échoir aux Tchèques d'abord et aux Suédois, ce sont des façons de procéder qui ne sont pas sérieuses et qui braquent inutilement nos partenaires». Lionel Jospin pointait la volonté de plus en plus insistante attribuée à Nicolas Sarkozy de vouloir proposer et diriger «un gouvernement économique de l'UE». Cette approche qui n'est pas encore officielle commence à être vendue à l'opinion par le premier cercle de Nicolas Sarkozy. Parmi eux, se trouve le ministre des Relations avec le Parlement, Roger Karoutchi qui estime que le président de la République : «a démontré, au-delà de la fonction officielle de président de l'UE pour les six mois, cette espèce de capacité de négociation, de capacité à faire en sorte que des gens aussi différents en Europe parviennent à des accords, à des solutions consensuelles». L'autre front sur lequel Lionel Jospin effectue un bruyant retour est celui du combat des socialistes pour prendre le contrôle du PS. Et alors que les chevaux en compétion entament le sprint final pour le congrès prévu entre les 14 et 16 novembre prochain, Lionel Jospin dut déployer toute son expérience pour argumenter son choix de soutenir, sans grande surprise, le maire de Paris, Bertrand Delanoë : «Il me semble que Bertrand Delanoë est le mieux placé aujourd'hui pour accomplir ce travail, c'est-à-dire pour remettre le Parti socialiste au travail, pour le réinscrire dans un fonctionnement collectif et pour l'incarner à l'extérieur dans le débat public». La position de Lionel Jospin sur les ambitions internes au PS semble être confortée par le sondages. Le dernier, «ViaVoice», publié hier lundi par le journal «Libération» donne un avantage clair à Bertrand Delanoë parmi les sympathisants de gauche. Avec ses 35%, le maire de Paris devance largement Ségolène Royal (23%) et Martine Aubry (17%). Preuve que le temps n'a pas encore fait son œuvre et que la rancune de Lionel Jospin est toujours aussi tenace à l'encontre de Ségolène Royal qui l'avait empêché de retenter l'aventure présidentielle face à Nicolas Sarkozy, Lionel Jospin ne rate pas cette sortie pour égratigner son nouveau style de campagne et de communication de Ségolène Royal inauguré le 27 septembre dernier au Zénith et déjà décrié par le gotha socialiste : «Le rôle de la politique comme art de la démocratie, c'est d'entraîner des citoyens par la conviction et non pas de s'adresser à un public en suscitant la dévotion».