Un Marocain sur deux souffre d'un trouble mental. La schizophrénie, à elle seule touche 300.000 Marocains. En contrepartie, le Maroc compte seulement 350 psychiatres et 1900 lits psychiatriques. Au Maroc, 42% de la population souffre d'un trouble mental léger, moyen ou grave. Et plus de 300.000 Marocains sont touchés par la schizophrénie. Pour attirer l'attention sur la situation alarmante de la santé mentale au Maroc, une rencontre a été organisée par l'Association marocaine d'appui, de lien et d'initiation des familles de personnes en souffrance psychique (Amali) le lundi 6 octobre à Casablanca. La santé mentale constitue un réel problème de santé publique. Malgré le nombre important de personnes en souffrance psychique, les infrastructures psychiatriques continuent de faire défaut dans notre pays. «Il n'y a actuellement que 1.900 lits psychiatriques pour une population de 31 millions d'habitants. Nous disposons trois fois moins de lits que nos voisins algériens et tunisiens», affirme Pr Driss Moussaoui, directeur du centre psychiatrique universitaire Ibn Rochd.Et d'ajouter que «la ville de Casablanca qui compte 100.000 malades ne dispose que de 200 lits dont 104 sont opérationnels». Concernant les ressources humaines, la situation n'est guère meilleure. Et pour preuve. Le Maroc compte seulement 350 psychiatres soit 1 psychiatre pour 100.000 habitants. Si l'on prend par comparaison la ville de Genève, celle-ci dispose de 750 psychiatres pour 120.000 habitants soit deux fois plus de psychiatres que le Maroc. En plus du manque de médecins, il y a un manque crucial d'infirmiers pour prendre en charge les malades. Et ce n'est pas tout. Les patients ont besoin d'un soutien psychothérapeutique pour les aider à accepter la maladie. Mais le problème, c'est qu'il n'existe que 50 psychotérapeutes dans tout le Royaume. En l'absence d'infrastructures médicales et de moyens, les parents sont amenés à prendre en charge eux-mêmes leurs enfants malades. Certains ont été contraints d'abandonner leur travail pour s'occuper uniquement de leurs enfants. D'autres ont dû divorcer sans compter les parents démunis qui regardent leurs enfants malades souffrir en silence, faute de moyens. «La situation est effroyable mais elle est meilleure qu'il y a une trentaine d'années. Même si nous avançons un peu, il faut continuer la bataille», indique Pr Moussaoui. Et de poursuivre que «la santé mentale a toujours été marginalisée par les différents ministres de la Santé. Ce qui n'est pas le cas actuellement. La ministre s'intéresse de près à la Santé mentale. D'ailleurs, le département de la Santé, la Ligue pour la santé mentale, l'Association mondiale de psychiatrie et un laboratoire sont entrain de travailler sur un projet relatif aux médicaments. Le laboratoire en question va vendre au ministère de la Santé 5 médicaments au prix de revient qui seront à leur tour distribués gratuitement par le ministère de la Santé aux 300.000 malades». Quant au budget réservé à la santé mentale, celui-ci demeure très faible. Le ministère de la Santé ne réserve que 1% de son budget à la santé mentale soit dix fois moins que le seuil fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).