Près de 200.000 Marocains s'adonnent à la mendicité. A Casablanca, les mendiants professionnels ont pu amasser un pactole de 2 millions de dirhams de mars 2007 à août 2008. «La mendicité professionnelle ne cesse de se développer et a pris des proportions démesurées dans le pays » déclare à ALM, Nouzha Skalli, ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité. Selon Mme Skalli, pour la seule ville de Casablanca, un montant estimé à 2,06 millions de dirhams a été amassé par les mendiants professionnels dont 1,4 million DH sous forme d'argent liquide, 506.161 DH en comptes sur carnet et 149.350 DH sous forme de bijoux. 62,4% sont des mendiants professionnels d'après le recensement de 2007. Pour ces personnes, il n'est pas question de chercher du travail qui, tout compte fait, ne leur rapportera pas grand-chose. «Un mendiant professionnel gagne en moyenne 300 DH par jour. Cette somme peut atteindre 700 DH» indique Mme Skalli. Pour faire le point de la situation de la mendicité au Maroc et plus particulièrement à Casablanca, une rencontre a été organisée vendredi dans la capitale économique. Le directeur du Centre social « Dar El Khayr » de Tit Mellil, Abdelkrim Sebbar a souligné, à cette occasion, que depuis le lancement de la stratégie régionale de lutte contre la mendicité, plus de 5.042 mendiants ont été dirigés vers le centre. De mars 2007 à septembre 2008, un total de 4.686 pensionnaires ont pu être pris en charge par leurs familles. De même, les assistants sociaux ont contribué à l'insertion familiale de quelque 151 pensionnaires et 131 mendiants ont été pris en charge par le centre. Par ailleurs, M. Sebbar a également indiqué que le nombre de personnes exploitées par les mendiants s'élève à 344 dont des mineurs, des handicapés et des personnes âgées. Cette rencontre qui s'inscrit dans le cadre des portes ouvertes du Centre social «Dar El Khayr», a été l'occasion d'exposer les conditions dans lesquelles vivent les différents pensionnaires. «Ce centre a donné des résultats très satisfaisants. L'approche est humaine. Les bénéficiaires se sont dit satisfaits des services rendus par l'établissement», a pu constater la ministre après avoir visité les différentes dépendances de cet établissement. En outre et selon l'enquête réalisée en 2007 par le ministère en Développement social, de la Famille et de la Solidarité, le nombre de mendiants à l'échelle nationale est estimé à 195.950 dont 48,9 % sont des hommes contre 51,1 % de femmes. Il ressort de la même enquête que parmi les causes de la mendicité figurent la pauvreté (51,8 %), l'handicap (12,7 %), la maladie (10,8 %) , et autres causes (24,7 %). La mendicité professionnelle inquiète par son ampleur et sa diversité. Des enfants de tous âges et des personnes handicapées sont exploités. Pour lutter contre cette activité, le ministère préconise comme moyen, un arsenal judicaire efficace. Or, précise la ministre, «à ce jour les sanctions ne sont pas assez dissuasives. La loi ne prévoit pas par exemple la confiscation des biens amassés par cette pratique. Pour y remédier, nous travaillons en étroite collaboration avec les ministères de la Justice et de l'Intérieur ». Pour rappel, la stratégie globale élaborée par le ministère du Développement social, de la Famille et de la Solidarité et mise en œuvre depuis bientôt deux années, s'est donné pour objectif majeur d'assurer l'insertion socio-économique des mendiants et de mettre en place un dispositif d'aide sociale à leur profit. «La lutte contre ce phénomène nécessite la coordination des efforts de tous les acteurs concernés notamment les départements gouvernementaux, la société civile et les médias », soutient Mme Skalli. Ce que prévoit la loi Selon l'article 326 du code pénal «Est puni, de un à six mois de prison, quiconque ayant les moyens de subsistance ou étant en mesure de se les procurer par le travail, ou de toute autre manière licite, se livre habituellement à la mendicité en quelque lieu que ce soit». Pour sa part, l'article 30 stipule que «Le père , mère, tuteur ou patron et généralement toute personne ayant autorité sur un enfant ou en ayant la garde qui livrent, même gratuitement, leurs enfants, pupilles ou apprentis âgés de moins de treize ans à des vagabonds ou à des individus faisant métier de la mendicité , sont punis de l'emprisonnement de six mois à deux ans».