En hiver, les associations d'aide à l'enfance précaire sont débordées par les sollicitations des enfants SDF. Le point. Il est 23 heures trente, aux abords du Centre 2000, du côté de la porte de la gare Casa-port, une dizaine de frêles silhouettes s'agglutinent les unes contre les autres pour se réchauffer à l'abri. En cette nuit de décembre, même si le froid n'est pas vraiment de circonstance, il pleut des cordes. L'âge moyen de la bande ne dépasse pas la quinzaine d'années. Le scénario est identique au boulevard Mohammed V notamment aux passages El Glaoui et Sumica. En effet, l'hiver venu, les enfants de la rue se retrouvent dans une situation encore plus précaire que d'habitude. A la faim et à l'errance, s'ajoutent le froid et les pluies. En conséquence, beaucoup de travail pour les associations caritatives. Najat Mjid, présidente de l'association Bayti, fait remarquer que son association est plus sollicitée en ces jours d'intempéries. La demande augmente d'une façon importante, souligne-t-elle «de 30 enfants par jour que nous recevons d'habitude, nous sommes passés à 78 ces derniers jours». En outre, insiste-t-elle : «la moyenne d'âge est d'ailleurs plus basse cette année. Elle tourne autour de 13 ans ». La situation est donc alarmante d'autant plus que la plupart de ces enfants sont originaires des régions éloignées comme Taza ou Aït Ourir. L'association l'Heure Joyeuse de son côté, affirme que le nombre d'enfants aidés a sensiblement augmenté, même si l'association ne dispose pas pour le moment de chiffres précis. L'Heure joyeuse enregistre habituellement 28 passages occasionnels par mois. Ce chiffre peut doubler ces derniers jours. Par exemple, l'association a procédé ce mois-ci à la distribution, dans l'orphelinat de Sidi Bernoussi, de 600 articles d'habillement et d'une quantité importante de denrées alimentaires. Les associations et les orphelinats ne sont pas d'ailleurs les seuls à s'occuper des enfants démunis. Certaines personnes, de leur propre initiative, ouvrent leurs garages, qu'ils meublent confortablement pour l'occasion, afin d'abriter ces jeunes enfants qui passent les nuits à même le sol. Ils leur assurent même le manger et l'habillement. Ces initiatives démontrent que la solidarité, fut-elle informelle, est effective sur le terrain. De telles actions, à encourager certes, ne sont malheureusement pas suffisantes pour remédier au problème de l'enfance précaire. Les besoins sont donc énormes et l'image d'enfants cherchant refuge dans les ruelles hantera encore nos nuits.