L'Espagne a annoncé, mercredi dernier, son intention de supprimer en 2009 le recrutement des travailleurs étrangers dans leur pays d'origine. A l'ANAPEC, on affirme le contraire. Confusion. L'Espagne prévoit de supprimer en 2009 l'embauche de travailleurs dans les pays d'origine. Une décision prise suite à la crise économique que traverse le pays avec un chômage qui ne cesse de grimper et une inflation qui reste élevée. Une décision qui va certainement toucher le contingent d'ouvriers marocains qui vont chaque année travailler en Espagne dans le cadre d'une convention entre le gouvernement espagnol et l'ANAPEC. Pourtant, dans cette agence publique, on affirme que la nouvelle mesure adoptée par le gouvernement espagnol ne concerne pas le Maroc. «En principe, l'ANAPEC n'est pas concernée par la décision du gouvernement espagnol dans la mesure où l'Espagne prévoit de continuer à recruter les travailleurs étrangers dont la venue est régie par des conventions internationales et les travailleurs ayant une certaine spécialisation», a déclaré à ALM Hafid Kamel, Directeur général de l'Agence nationale pour la promotion de l'emploi et des compétences avant d'ajouter que «cela dit, nous allons nous réunir pour clarifier les choses». «Nous examinons actuellement les dossiers de 2500 ouvrières répétitrices qui travailleront dans des plantations de fraises. Nous continuons à recevoir des offres de plusieurs entreprises espagnoles», affirme Abdelhalim Fatihi, responsable du placement international à l'ANAPEC. L'opération de recrutement de la main-d'œuvre pour les champs espagnols de fraises continue. Celle-ci débutera dès le mois de décembre. Les ouvrières joindront l'autre rive vers les mois de février et de mars. «Les Espagnols sont satisfaits. Depuis le lancement de ce programme, les engagements liés aux contrats de travail ont été respectés notamment en ce qui concerne l'obligation de retour au pays au terme du travail saisonnier. Seulement 5% des ouvrières n'ont pas honoré à cet engagement». Hormis le secteur agricole, l'ANAPEC est aussi présente dans d'autres secteurs. Celle-ci recrutera pour le groupe andalou des supermarchés MAS plus de 700 employés pour les cinq années à venir, objet d'une convention entre l'agence nationale et les dirigeants du groupe Hermanos Martin. Cette convention qui couvre la période allant de 2008 à 2012 prévoit le recrutement pour le groupe espagnol de 700 personnes aux qualifications et compétences avérées dans la grande distribution. Pour sa part, le ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, Jamal Rhmani a précisé que «les emplois saisonniers ne seront pas affectés par cette décision. D'ailleurs, l'ANAPEC recrutera 20.000 ouvrières saisonnières pour l'année 2009. Les Espagnols ont besoin de la main-d'œuvre marocaine dans le secteur de l'agriculture». Et pour preuve, des ouvrières agricoles se rendront prochainement en Espagne. Cette affirmation contredit celle faite par son homologue espagnol qui a indiqué récemment qu'il n'y aura plus de recrutement dans les pays d'origine. Le ministre espagnol du Travail et de l'Immigration, Celestino Corbacho avait indiqué mercredi dernier que le recrutement des travailleurs étrangers dans leur pays «sera proche de zéro» en 2009. «Il ne semble pas raisonnable que sur un marché comme l'Espagne, où nous avons 2,5 millions de personnes au chômage, nous recrutions encore des gens dans leur pays d'origine», avait affirmé M. Corbacho. Et d'ajouter que «les 80.000 personnes qui devront être embauchée en Espagne» dans les prochains mois «figureront parmi ces 2,5 millions de chômeurs». Cette décision a suscité de vives réactions du côté des syndicats et de la société civile. L'Union syndicale ouvrière (USO) espagnole avait rejeté, jeudi dans un communiqué, l'initiative de Corbacho, estimant que cette mesure ne peut pas constituer une solution au problème du chômage. Selon l'USO, cette décision aura pour conséquence « de générer davantage d'immigration illégale, avec tous les drames qu'elle suppose, et de ruiner les espoirs de nombreux travailleurs voulant immigrer légalement en Espagne». Les associations de défense des droits des immigrés en Espagne ont également exprimé leur «crainte» que cette initiative ait des effets contraires à ceux escomptés.