Le capitaine Mustapha Adib révèle, dans un entretien à Jeune Afrique, l'identité de ceux qui l'ont manipulé par le passé et qui l'ont abandonné par la suite. Une lettre à la presse et un entretien avec Jeune Afrique (édition du 24 au 28 août 2008), relayés par plusieurs médias, c'est le moyen que l'on a soufflé à l'ex capitaine Mustapha Adib pour se rappeler au bon souvenir des Marocains: tout officier qu'il fut, formé en principe à éviter les traquenards, il a été roulé dans la farine par ses manipulateurs. L'histoire de ce jeune gradé commence tel un roman de bon augure. Par lettre au Prince héritier de l'époque, on est en 1998, Mustapha Adib dénonce un trafic de carburant organisé par un lieutenant- colonel de sa base militaire. La suite que donne, en sa qualité de coordonnateur de l'état-major des Forces Armées Royales, celui qui allait devenir quelques mois plus tard le nouveau Roi du Maroc, préfigure sa volonté, après son avènement à la tête du pays, d'instiller à la gestion des deniers de l'Etat rigueur et rectitude : Le lieutenant-colonel mis en cause par Adib est condamné à un an et demi de prison. Le sentiment du «devoir accompli» acquis, l'ex-capitaine aurait pu en rester là tandis que la réforme du Maroc, de ses comportements et de ses mentalités suivrait son petit bonhomme de chemin sans tangage inutile. Mais Mustapha Adib est désormais repéré par ceux qui, visiblement, ne trouvaient pas à leur goût la sérénité dans laquelle se déroulait la succession de feu Hassan II. Rapidement, ils habillent l'ex capitaine des loques d'un Zorro faisant feu de tout bois. Naïf, mais il ne s'en rendra compte que plus tard, il se met aussitôt sur orbite. Les Marocains n'avaient pas encore bouclé les quarante jours du deuil de feu Hassan II qu'il refait parler de lui par une nouvelle lettre à Sidi Mohammed devenu entre-temps Mohammed VI. A l'irrévérence et l'impudence s'ajoutent ainsi, les drapeaux étant encore en berne, la faute de goût, le manque de tenue. A croire que ses manipulateurs lui ont fait miroiter, pour qu'il manque tellement de tact et perspicacité, peut-être un avancement dans le grade, voire, dans sa crédulité incommensurable, le commandement de l'armée. Le Roi ne lui en voudra pas pour autant. N'empêche. A son insu, les «amis» du capitaine pavaient de ses «bonnes intentions» le chemin de son enfer. Ses «amis» !! Pour l'instant, s'ils sont déjà sur scène, ils restent néanmoins lâchement tapi dans le trou du souffleur. Mais la comédie n'allait pas tarder à lever le rideau sur ses acteurs: Des Jean-Pierre Tuquoi, des Claude Juvenal, des Ignace Dalle, des Ali Mrabet, plus tard des Driss Basri et auparavant le jeune premier, prétendant au premier rôle, SA le Prince Moulay Hicham en personne… La production de cette troupe est désormais connue. Des livres qui se veulent à l'emporte-pièce pour condamner le régime à sa fin, des affaires à l'image de celle de Hicham Mandari fabriquées de toutes pièces, mise en avant d'un mouvement «d'officiers libres» fantôme, des articles sur commande dans la presse à ne pas en finir, des sorties médiatiques tonitruantes de celui qui a été déchu de «son» ministère de l'Intérieur et des prises de position, à contre-temps de son rang, de Moulay Hicham dit, à tort, le Prince rouge. Le reste est à l'avenant. De concert ou en individuel, ils cherchent à jeter le trouble sur le début d'un règne porté par la volonté du changement. Sans succès, mais qu'à cela ne tienne. Ne craignant pas le ridicule, qui, comme chacun sait, ne tue pas, ils ne s'embarrassent pas d'échecs. Ils n'en sont pas d'ailleurs à un près et la suite le démontrera. Dans les coulisses, le capitaine Adib attend le signal pour jouer l'acte qui lui a été dévolu dans la pièce. Il interviendra quelques jours après l'intronisation de Mohammed VI. Par voie de presse – étrangère- il s'en prend à l'armée marocaine dont il dénonce «la corruption». En toute logique, il est radié, condamné et passe deux ans et demi en prison avant d'être libéré. Le capitaine Adib a failli à son honneur de militaire en se laissant entraîner dans une entreprise pernicieuse et devait en payer le prix. Car s'il a été condamné, ce n'est guère, comme le montrent les faits, pour avoir dénoncé la corruption, mais pour avoir prêté main forte, deux ans plus tard, à une malsaine manipulation qui n'a épargné aucune institution, aucun corps, aucune structure de l'Etat marocain. Dans cette affaire, comme dans d'autres, les responsables marocains avaient plus que de fortes présomptions sur l'existence d'une connexion et d'une conjonction d'efforts pour la fragilisation du tissu national. C'est sur une partie de la face cachée de cet iceberg que, précisément, Mustapha Adib lève aujourd'hui le voile dans son entretien avec Jeune Afrique. Abandonné à son sort par ceux qui l'ont manipulé, l'ex-capitaine revient vers SA le Prince Moulay Hicham pour réclamer sa rançon, pas moins de 100 mille euros (plus de 1million DH), et sur conseil, dit-il, de militants des droits de l'Homme, il fait de même avec l'ancien premier flic du Maroc, Driss Basri en l'occurrence. Face à ces faits, on est légitimement en droit de se demander au nom de quel accord secret l'ex-capitaine s'est cru pouvoir exiger une telle somme du Prince et celui-ci d'accéder, fut-il partiellement, à ses sommations ? De la même manière qu'on est intrigué par l'attitude de ces champions des droits de l'Homme qui l'orientent, pour obtenir satisfaction, vers le champion de la répression des Marocains pour plus d'un quart de siècle. On est aussi en droit de chercher à connaître les raisons qui les auraient poussés à croire que Driss Basri pouvait donner suite à cette requête. Une promesse contre service rendu qui date et qui n'a pas été tenue? Plausible. Mais quelle que soit la réponse, les révélations de Mustapha Adib viennent ajouter au trouble qu'avait suscité chez nombre d'observateurs le traitement privilégié qu'avait réservé le Journal-Hebdomadaire à l'ancien ministre de l'Intérieur depuis son limogeage jusqu'à sa mort. Longtemps, des voix se sont élevées contre l'attitude circonspecte du Maroc à l'égard de l'action suspecte de certains autoproclamés militants. Souvent les responsables marocains n'ont pas été pris au sérieux lorsqu'ils assuraient qu'il y avait trop de coïncidences, trop de concordances, trop de convergences, pour que le travail de sape de ces «âmes charitables qui nous veulent du bien», soit le produit du hasard ou le fruit d'une œuvre désintéressée et innocente. Fort heureusement, il arrive que la vérité résiste à l'escamotage. Après bien d'autres révélations, celles très actuelles de l'ex-capitaine sonnent comme un aveu et apportent un éclairage nouveau et édifiant sur les entreprises de nuisance menées de l'extérieur et de l'intérieur du pays contre le Maroc. Ramenées à cette trame de fond, les accusations de Mustapha Adib contre les «services» auxquels il impute, dans un pays qui compte des centaines de diplômés chômeurs, le rejet de ses demandes d'emploi, ressemble tristement au barbotage du naufragé.