Par la réponse indécise de Bouteflika sur la question de l'Union pour la Méditerranée, le président algérien contrecarre la réalisation d'un projet qui ambitionne de casser les barrières entre les deux rives du bassin. Le Premier ministre français François Fillon regagne la France les mains vides. Lors d'une visite qualifiée d'«historique» en Algérie, le Premier ministre français n'a pas obtenu du président Abdelaziz Bouteflika un engagement pour la participation de l'Algérie au sommet inaugural de l'Union pour la Méditerranée, prévu le 13 juillet à Paris. Le président algérien s'est contenté de dire : «chaque chose en son temps», faisant planer le doute sur sa position quant au projet de son homologue français Nicolas Sarkozy. M. Fillon a néanmoins assuré que l'Algérie apporterait son soutien au projet. Pour sa part, Abdelaziz Belkhadem, Premier ministre algérien, a confirmé par ses propos la position ambiguë qu'adopte son pays. Il a affirmé que le projet défendu par Nicolas Sarkozy lui paraissait «toujours vague». «Nous ne savons pas encore si nous devons discuter avec Paris ou avec Bruxelles», a-t-il dit lors d'une conférence de presse conjointe avec M. Fillon. Par ailleurs, le Premier ministre français avait publiquement exhorté l'Algérie à rejoindre l'UPM, tentant de répondre aux inquiétudes de ses hôtes. Il avait décrit l'UPM comme la réponse de la France au défi de la mondialisation, reconnaissant des tensions sur le pourtour méditerranéen, «exacerbées par des problèmes de développement». L'Union doit donc «surtout permettre aux deux rives de la Méditerranée de coopérer de façon équilibrée», a-t-il ajouté dimanche. «On veut une Union où la rive sud et la rive nord soient à parts égales dans le processus de décision». Après la visite d'Etat de Nicolas Sarkozy en décembre dernier et de nombreuses visites de ministres français depuis, l'Algérie reste hésitante sur la question de l'UPM, réclamant des précisions sur un projet jugé «flou». Alger veut s'assurer que ce projet n'est pas un moyen d'accroître l'influence de la France au Maghreb, et avoir des éclaircissements sur le rôle d'Israël au sein de l'institution régionale. M. Fillon a de nouveau espéré que tous les pays de la Méditerranée prendront part au sommet de Paris, citant notamment l'Algérie, la Syrie, l'Egypte et Israël. Le Premier ministre français a laissé entendre que le président égyptien Hosni Moubarak pourrait devenir le premier co-président de l'UPM, et précisé que le Maroc, la Tunisie ou Malte constituaient des pistes pour installer son siège. Assurément, un éventuel siège de l'UPM à Rabat rendra la position algérienne encore plus indécise.