L'Association internationale des soldats de la paix, qui regroupe d'anciens Casques bleus, estime que la présence d'Al-Assad est «une atteinte à la mémoire» des Casques bleus français tués le 23 octobre 1983. Dès les premiers mois du quinquennat de Nicolas Sarkozy, le Premier ministre François Fillon venait de prononcer une phrase qui a plombé définitivement l'atmosphère politique, configuré le débat à venir et brouillé sérieusement ses relations avec le chef de l'Etat. Il venait de faire le constat cruel et lucide que la «France était en faillite». A la veille du sommet de Paris destiné à lancer les fondations de l'Union pour la Méditerranée, François Fillon a repris sa flute de mauvais augure. A un moment où le président Nicolas Sarkozy se démène comme un diable sur tous les théâtres politiques de la Méditerranée pour maintenir vivante la flamme de l'envie «méditerranéenne», François Fillon déclame son oraison funèbre : «Oui c'est vrai, nous ne sommes pas sûrs de réussir du premier coup cette initiative qui est une initiative difficile». Réalisme excessif ou tentative de saborder l'euphorie entraînante, il n'est pas certain que cette sortie du Premier ministre participe à améliorer les relations entre les deux hommes déjà atteintes par un désamour épidermique malgré leurs nombreuses dénégations. D'ailleurs plus, Nicolas Sarkozy affirme la main sur le cœur son amitié pour François Fillon, plus l'envie de changer de Premier ministre lui donne des mouvements d'épaules électriques. La sortie de François Fillon intervient au moment où la présence du président syrien Bachar Al Assad aux festivités du 14 Juillet continue de provoquer une sourde contestation. Cette fois la polémique est animée par des membres prestigieux de la grande muette comme Laurent Attar-Bayrou, président de l'Association internationale des soldats de la paix (AISP), qui regroupe d'anciens Casques bleus qui estime que la présence de Bachar Al-Assad est «une atteinte à la mémoire» des Casques bleus français tués le 23 octobre 1983 dans l'attentat contre l'immeuble «Drakkar» au Liban. Attentat attribué au Hezbollah qui bénéficie du soutien de la Syrie. Laurent Attar-Bayrou rappelle «qu'il n'y avait jamais eu de repentance de la part de ce pays». Cette charge très militaire contre Bachar Al-Assad a obligé le ministre de la Défense Hervé Morin à sortir de sa réserve pour justifier l'invitation contestée «Tout cela je le comprends humainement, personnellement», avait-il lancé la voix larmoyante avant de faire ce constat : «On connaît le passé de Bachar Al-Assad, on sait quelle a été l'influence de la Syrie sur toute une série d'évènements dans cette partie du monde, mais de là à ne pas tenter de faire en sorte que la Syrie puisse revenir dans le jeu diplomatique...». Plus la date fatidique du 13 juillet approche, moins l'idée d'une rencontre entre Bachar Al-Assad et le Premier ministre d'Israël Ehud Olmert paraît réalisable. Il est vrai que la diplomatie française comptait beaucoup sur la photo historique et inédite de cette rencontre pour booster la valeur symbolique de l'événement. Mais les déclaration des uns et des autres montrent que l'éventualité d'une telle rencontre n'est plus à l'ordre du jour. D'abord Ehud Olmert, au début enthousiaste, freine aujourd'hui ses ardeurs : «Je serai à Paris (...) et le président Assad y sera aussi pour ce sommet. Il se peut qu'il y ait une rencontre ou pas. (Mais) une telle rencontre n'est pas un objectif en soi pour ma présence au sommet (...). Le plus important, c'est d'avoir des négociations de paix». Cette timidité à envisager le grand événement parisien fait sans doute écho au constat pratique déjà fait par le président syrien Bachar El Assad : «la réunion entre moi et le Premier ministre israélien n'aura aucune signification sans des technocrates, des experts préparant le terrain (…) Se contenter d'envoyer des signaux sans vrai résultat n'a pas de sens». Pour l'instant, l'autre grande inconnue du sommet de Paris concerne la présence du président algérien Abdelaziz Bouteflika. Malgré la récente visite de François Fillon et sa démarche de séduction et de persuasion, les autorités françaises comme le révèle la secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme Rama Yade sont encore dans l'expectative : «Pour l'instant, tout est ouvert et j'espère bien que les autorités algériennes seront représentées au sommet». La diplomatie française pourra toujours chercher des éléments d'informations dans la dernière déclaration du nouveau Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia qui conditionne le succès du sommet de Paris à «l'avènement d'une paix juste et définitive au Moyen-Orient passant par la consécration des droits du peuple palestinien».