Selon le FMI, les décisions de la politique monétaire au Maroc pourraient s'avérer plus difficiles dans la période à venir. Selon lui, le secteur financier doit rester vigilant pour faire face à un environnement mondial plus volatile. En visite au Maroc du 19 au 30 mai, la mission du Fonds monétaire international (FMI) vient de donner son avis sur la situation économique du pays. Banques, finances, inflation, hausse des prix des produits pétroliers… la mission envoyée par Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI, s'est penchée sur l'impact de la crise économique internationale sur le Royaume. De prime abord, cette équipe du FMI souligne que «le secteur bancaire est solide et résistant aux chocs». Conduite par Mark Lewis, cette mission appelle tout de même à une vigilance quant à l'effet négatif de la crise financière internationale. «Bien que le secteur financier marocain n'ait guère souffert des perturbations qui ont affecté les marchés financiers internationaux, il est important que l'ensemble des organismes de supervision reste vigilant afin de s'assurer que ce secteur dispose des capacités adéquates pour faire face à un environnement mondial plus volatile», selon les responsables de cette mission. Tout en saluant les efforts menés jusqu'à maintenant par la Banque centrale, le FMI s'attend à des jours encore plus difficiles. Pour Mark Lewis, Bank Al Maghrib (BAM) a bien géré la vigueur de la demande intérieure. Le niveau de l'inflation reflète largement l'impact de phénomènes exogènes et la mission considère que l'orientation de la politique monétaire reste appropriée dans la conjoncture économique actuelle, selon la même source. «Les décisions de la politique monétaire pourraient s'avérer plus difficiles dans la période à venir et la mission a pris bonne note de la détermination de BAM à maintenir la stabilité des prix. Le régime de change, basé sur le rattachement du dirham à un panier composé de l'euro et du dollar, a contribué à la stabilité macroéconomique. Les analyses de la mission suggèrent que le niveau du taux de change est en ligne avec les fondamentaux économiques», ajoute-t-on. En émettant ces recommandations, la mission du FMI a mis en exergue les statistiques de l'économie nationale. Ainsi, la croissance du PIB non agricole a atteint 5,5 % en 2007, même si la croissance globale a ralenti à 2,2 % en 2007 suite à la forte contraction de la production céréalière. L'inflation des prix à la consommation qui a augmenté à 3,7 % à fin avril 2008 par rapport à fin avril 2007 reste relativement faible, reflétant en partie l'absence d'ajustement des prix administrés depuis le début de 2007, selon les responsables de cette mission. La balance des paiements reste solide, et le budget a été proche de l'équilibre en 2007, contre un déficit de 2 % du PIB enregistré en 2006. L'encours de la dette publique a été ramené à 55 % du PIB, contre 58% en 2006 et 62% en 2005. La mission du FMI note également qu'une croissance économique durable et forte passe par la poursuite des réformes visant à améliorer la productivité de l'économie marocaine. Il s'agit notamment de la poursuite des réformes sectorielles (agriculture, énergie et commerce intérieur) ainsi que la réforme de l'éducation et le renforcement des infrastructures et des services sociaux. En agriculture, le Royaume s'est doté d'un « Plan Maroc vert ». Il s'agit d'une nouvelle stratégie agricole qui se veut un programme de relance ambitieux, mais pragmatique. Et c'est devant SM le Roi Mohammed VI que Aziz Akhennouch, ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime, a présenté, mardi 22 avril 2008, les grandes lignes de cette stratégie financée par le Fonds Hassan II pour le développement économique et social. Ce plan vise à atteindre un PIB supplémentaire de 70 à 100 milliards de dirhams dans les 10 à 15 années à venir. «Ces secteurs ont un rôle clé à jouer pour assurer l'augmentation de l'investissement, de la production et de l'emploi, et l'amélioration du revenu de la population», conclut-on.